Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/07/2013

Jude Stéfan, Disparates

jude stéfan,disparates,amoureuse,amants,danse

 

1930

 

          ce dimanche

l'amoureuse penche la tête

au mont des martyrs à la

goutte d'or des vignes

la conductrice de tramway

sur l'épaule reconquise

du chiffonnier aux guenilles

que les yeux meurent les premiers

et les ongles les derniers Ils

          s'en raillent

          en chantonnant

en descendant enlacés vers

          la rumba la java

          par les rampes

vers les casquettes et les tournures

          suées et fumées

          avant de s'aliter

pour s'enlanguer s'endormir vers

          leur lendemain ouvrable

 

 

Jude Stéfan, Disparates, Gallimard, 2012, p. 27.

©Photo Chantal Tanet

01/12/2012

Jude Stéfan, Disparates

Jude Stéfan, Disparates, amour, amie, amante


Elle

 

elle allait en bottes, yeux en amande,

anneaux aux oreilles, surgissant au

grenier et penchée, Gitane abandonnée,

sauvage et sévère, aux jambes de balle-

rine, éprise du bleu, tentures, châles,

gants, soudain un furtif baiser, courait

à la mer au loin s'y aventurant, grimpait

aux arbres, dérobait des bagatelles, jouait

à la belote contrée, sifflait son chat,

attaquait la carambole, faubertait son

pavé, grugeait ses noix, frottait des pommes

à son coude, « ma beauté » à son oreille, un

peigne écarlate, gênée des tourterelles

et du sumac, effrontée, téméraire, palpée

sous tous les pores, impérieuse, ni rosée

ni perle, ni nymphe ni soleil, mais chair

même, peau, amie amante épouse, un bienfait

une chance. Elle

                     qui m'eût tué

                     qui me voulait

 

Jude Stéfan, Disparates, Gallimard, 2012, p. 108.