01/12/2012
Jude Stéfan, Disparates
Elle
elle allait en bottes, yeux en amande,
anneaux aux oreilles, surgissant au
grenier et penchée, Gitane abandonnée,
sauvage et sévère, aux jambes de balle-
rine, éprise du bleu, tentures, châles,
gants, soudain un furtif baiser, courait
à la mer au loin s'y aventurant, grimpait
aux arbres, dérobait des bagatelles, jouait
à la belote contrée, sifflait son chat,
attaquait la carambole, faubertait son
pavé, grugeait ses noix, frottait des pommes
à son coude, « ma beauté » à son oreille, un
peigne écarlate, gênée des tourterelles
et du sumac, effrontée, téméraire, palpée
sous tous les pores, impérieuse, ni rosée
ni perle, ni nymphe ni soleil, mais chair
même, peau, amie amante épouse, un bienfait
une chance. Elle
qui m'eût tué
qui me voulait
Jude Stéfan, Disparates, Gallimard, 2012, p. 108.
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