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24/08/2017

Robert Desnos, Deuil pour deuil

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Écoutez ! des tambours et des cris, le roulement funeste d’une puissante auto présagent la Révolution prochaine. Des hommes seront guillotinés, les drapeaux s’envoleront comme des cigognes mais d’inguillotinables femmes décevront, laisseront songeurs au haut des estrades sanglantes les sympathiques, les pensifs bourreaux.

 

Robert Desnos, Deuil pour deuil, dans La liberté ou l’amour !, L’imaginaire/Gallimard, 1962, p. 131.

10/06/2016

Jean Genet, La Parade

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La Parade

 

Silence, il faut veiller ce soir

Chacun prendre à ses meutes garde,

Et ne s’allonger ni s’asseoir

De la mort la noire cocarde

 

Piquer son cœur et l'en fleurir

D’un baiser que le sang colore,

Il faut veiller se retenir

Aux cordages clairs de l’aurore.

 

Enfant charmant haut est la tour

Où d’un pied de neige tu montes.

Dans la ronce de tes atours

Penchant les roses de la honte.

 

On chante dans la cour de l’Est

Le silence éveille les hommes.

Silence coupé d’ombre et c’est

De fiers enculés que nous sommes.

 

Silence encor il faut veiller

Le Bourreau ignore la fête

Quand le ciel sur ton oreiller

Par les cheveux prendra ta tête.

 

Jean Genet, La Parade, dans Le condamné

à mort, L’enfant criminel, L’Arbalète,

1966, p. 69-70.