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05/07/2019

Cécile A. Holdban, Partir du silence, Variations sur Philip Glass

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            avril

 

Quelle est cette puissance

que plus rien ne contient

cette vie rouge qui éclate

aiguisée de lumière

la sève contenue par la terre

envahit l’espace

les fleurs prises dans ce mouvement

naissent s’envolent se fanent,

balayées par les vents rapides.

Les passants aveuglés de soleil

recueillent les pétales

pensent à la bénédiction

du printemps

 

Dans cet emballement de cheval fou

l’ivresse des éléments, la violence muette

un enfant s’abandonne

avril est mort

 

(Concerto pour violon. Premier mouvement)

 

Cécile A. Holdban, Partir du silence, Variations

sur Philip Glass, dans la revue de belles-lettres,

2019, I, p. 29.

22/11/2014

Jaroslav Seifert, Sonnets de Prague, traduction Henri Deluy et Jean-Pierre Faye

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Dès le printemps jusqu'à tard dans l'hiver

puis dans l'hiver encore jusqu'aux jours du printemps

quand le vent défait les dentelles blanches

et pare Prague d'une autre dentelle

 

c'est avril. Le soleil de la cruche

verse le lait. Viendront les baptêmes

prépare une petite branche de romarin

et dis où je vais te retrouver

 

et sous les arcades du Tyn

déjà je viens sa main dans ma main

au moment où elle déboutonne son gant

 

écoute les demi-heures qui sonnent

j'attends comme le bâton ou comme l'ombre

comme celui qui attend sous le parvis

 

Jaroslav Seifert,  Sonnets de Prague, traduits par Henri

Deluy et Jean-Pierre Faye, Seghers, 1985, p. 15.

 

24/04/2013

Pierre Chappuis, À portée de la voix

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Avril, embellie

 

   Clarté, soudain de partout rayonne une même clarté.

 

   Elle se laisse emporter à regret, dirait-on, glisse, alanguie, joueuse, enjouée, s'attarde à des embrassades, éprise d'elle-même, disperse ses reflets aussitôt rassemblés que fractionnés ; bientôt se lance à corps perdu dans des rapides, rejaillit de ruade en ruade, impatiente de s'envoyer en l'air.

 

   Ou encore : frondaison de gouttelettes en suspension au-dessous d'une large verrière prenant tout le toit, à l'instant dégagé de son vélum.

 

                                                     *

 

Cortège d'automne

 

   Entre des rives jonchées de confetti et autres cotillons, sans bruit, quels esquifs légers, on dirait aériens défileraient, portant couleur, chacun à son allure ?

 

En réalité, se pressant en foule, se bousculant pour se mettre en place, tout juste s'ils ne chavirent pas.

 

   Un instant pris dans des tourbillons, défaits, dispersés, soudain sans éclat, plus loin de nouveau s'égaient dans le courant apaisé.

 

Pierre Chappuis, À portée de la voix, José Corti, 2002, p. 21, 48.