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01/04/2023

Jules Supervielle, La Corps tragique

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            Le don des larmes

 

Tout est pareil chez l’homme qui se dresse

Pour voir le fond de ce qui le morfond,

Pleurer de joie c’est pleurer de détresse

C’est bien cela qui fait que nous pleurons.

Et cependant les contraires déchirent

Ce qui résiste en nous de nos raisons

Et longuement nous nous ensanglantons

Avec les mots épineux du délire.

Tout bouge en nous et nous continuons

Par le chemin qui n’a pas de repos.

Venez aussi, vous n’êtes pas de trop,

Homme aux yeux secs, aveugle compagnon.

 

Jules Supervielle, Le Corps tragique, dans Œuvres

poétiques complètes, Pléiade/Gallimard, 1996, p. 596.

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