28/04/2020
Leopoldo Maria Panero (1948-2014), Le dernier homme (poésie 1980-1986)
Troubadour j’ai été, je ne sais qui je suis
Ce n’est que dans la nuit que je trouve mon aimée
dans la nuit, esseulé
dans la plaine sans personne
sauf une femme qui hurle
la tête dans la main
ce n’est que dans la nuit que je trouve mon aimée
la tête dans la main
Je lui offre comme l’encens
que d’autres rois lui offrent
mes propres souvenirs
en lui tendant la main
puis elle me tend sa tête
et avec son autre main
elle m’indique la nuit
Seul dans la nuit, à neuf heures
je sors chercher mon aimée
et dans la plaine comme cerfs
galopent les souvenirs
J’eus la voix, troubadour,
j’ai été, aujourd’hui sans chant
je ne sais qui je suis et
j’entends un fantôme dans la nuit
j’entends les morts réciter mes vers.
Leopoldo Maria Panero, Le dernier homme,
traduction de l’espagnol Rafael Garido,
Victor Martinez et Cédric Demangeot,
Fissile, 2020, p. 141.
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