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02/12/2017

Valérie Rouzeau, Va où

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Il faut m’arracher allumer d’une autre étoile de chance pas bêcheuse

Quitter ce jardin de palabres où pour un peu me serais crue sans savoir

     ni quand ni comment ni bien quoi semer à tout vent

Croquemorte de moi-même quelle idée ici je rends mon tablier mon  

     houx ma haie ma mauvaise pioche

Je m’en vais trouver de la vie par tous les temps

Cela commence à présent je change lalalère change d’air là

 

Valérie Rouzeau, Va où, Le temps qu’il fait, 2002, p. 85.  

 

09/10/2012

Valérie Rouzeau, Va où

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Des heures de nuit des heures de jour je fais mon temps je                 pointe quoi passe

Poèmes à la chaîne j'avance bien j'oublierai peut-être au bout tout

Si je détache mieux mes syllabes de mon sentiment dans le   vide si je tiens le rythme d'enfer

M'évertue à poursuivre juste sans sauter une seule ligne de    chance j'oublierai peut-être au bout tout

Tellement tout sera loin au bout après des saisons de peine   lourde mon boulet sous des tas de feuilles

 

                                                    *

 

Me mets en quarantaine pour faire mes lignes quoi d'autre

Me dégourdis les doigts sentiment sur la touche tac tac tac   suis toquée

Me ressemble à l'index toc toc toc suis frappée

Ça peut durer longtemps de pianoter toujours et de taper     jamais

Si je perdais mon temps il me ferait ce coup-là de me  retrouver

 

Valérie Rouzeau,  Va où, Le temps qu'il fait, 2002, p. 23 et 59.

12/12/2011

Valérie Rouzeau, Va où

valérie rouzeau,va où,la mort


Me règle un peu mes comptes ici sur le papier couche ma vie     séparée ma vie mirabelle et ma joie capitale allonge enfin mon tout

Que me coule douce la Seine j'y ai laissé ma main je n'en ai plus besoin c'était un coquillage

C'était toute pour des prunes

La main qui fait rougir fallait que l'écrevisse

J'ai noyé le chagrin et  la gaieté me dure j'ai craché les noyaux

Ça ne me valait rien cette eau grise qui déchante je lui ai fait un lit

Et maintenant je ris ici au bord je sèche

 

 

Des pages pour ne pas vivre idiote pour m'entraîner au testament et en même temps purger ma peine

Pour aimer frères et sœurs humains réparer toute ma méchanceté

Trouver si le silence est d'or avant qu'il devienne de la boue

La mort ne fait pas mal qu'à l'âme si vous restez assis longtemps sur le marbre d'un disparu cher

Autant de pensées de jetées dans le vague d'un rêve éveillé

Un songe à répéter encore ni folle ni sage et ni françoise

Voilà pour m'apprendre à la fin pour m'exercer au jour le jour au soleil et au jour sans jour

 

Valérie Rouzeau, Va où, Le temps qu'il fait, 2002, p. 48 et 73.

© Photo Chantal Tanet