12/12/2011
Valérie Rouzeau, Va où
Me règle un peu mes comptes ici sur le papier couche ma vie séparée ma vie mirabelle et ma joie capitale allonge enfin mon tout
Que me coule douce la Seine j'y ai laissé ma main je n'en ai plus besoin c'était un coquillage
C'était toute pour des prunes
La main qui fait rougir fallait que l'écrevisse
J'ai noyé le chagrin et la gaieté me dure j'ai craché les noyaux
Ça ne me valait rien cette eau grise qui déchante je lui ai fait un lit
Et maintenant je ris ici au bord je sèche
Des pages pour ne pas vivre idiote pour m'entraîner au testament et en même temps purger ma peine
Pour aimer frères et sœurs humains réparer toute ma méchanceté
Trouver si le silence est d'or avant qu'il devienne de la boue
La mort ne fait pas mal qu'à l'âme si vous restez assis longtemps sur le marbre d'un disparu cher
Autant de pensées de jetées dans le vague d'un rêve éveillé
Un songe à répéter encore ni folle ni sage et ni françoise
Voilà pour m'apprendre à la fin pour m'exercer au jour le jour au soleil et au jour sans jour
Valérie Rouzeau, Va où, Le temps qu'il fait, 2002, p. 48 et 73.
© Photo Chantal Tanet
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