Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/12/2016

Jean-Baptiste Chassignet, Le mespris de la vie et la consolation contre la mort

                             jeanbaptiste-chassignet.jpg

                   XXXVI

 

Tu desires vieillir mais, au jour langoureux

Que tu auras attaint la vieillesse impotente,

Encore du futur la saison différente

De vivre plus long tems te rendra désireux.

 

Tu n’auras du passé qu’un regret douloureus,

De l’instable avenir qu’une ennuieuse attente

Et n’auras le présent chose qui te contente,

Autant viel et grison comme enfant mal heureus.

 

Tu fuis de mois en mois ton créancier à ferme

Et si tu ne seras prest non plus au dernier terme

De payer qu’au premier ains, comme au-paravant.

 

Tu requerras delay, mal-heureus. Hypocrite,

Quand il convient de payer il n’est que d’estre quitte,

Celuy ne meurt trop tost qui meurt en bien vivant.

 

Jean-Baptiste Chassignet, Le mespris de la vie et la consolation

contre la mort, Droz, 1967, p. 57-58.

07/03/2014

Jean-Baptiste Chassignet (1571-1635), Le Mespris de la vie et consolation contre la mort

     Jean-Baptiste Chassignet, Le Mespris de la vie et consolation contre la mort, vie, maux

Pense combien de tems, pauvre homme miserable,

Il y a que tu bois, manges, veilles, et dors,

Dors, manges, veilles, bois, et destors et retors,

De ce mesme fuseau le filet variable ;

 

En fin de tant de maus la charge insupportable,

Qui sur toy chacque jour descharge ses effors,

Et ta satieté de tant vivre en ce cors

Te feront desirer la mort inevitable.

 

C'est peu de cas de vivre, un tel bien est permis

Egalement à tout, jusqu'aus moindres fourmis

Qui vivent en commun dessous la terre espaisse,

 

Mais delaisser la vie en resolution,

Et mourir gouverneur de son affection,

C'est là le plus haut point de l'humaine sagesse

 

Jean-Baptiste Chassignet, Le Mespris de la vie et consolation contre la mort, édition critique par H. J. Lope, Droz, 1967.