22/08/2019
Pia Tafdrup, Le soleil de la salamandre
Bonheur mélancolique
La lumière disparaît avec les voix des oiseaux,
écrasante.
Je me traîne jusqu’à la mer dans l’obscurité.
L’outil pour la transformation est cassé,
d’abord il faut la réparer, aussi je dois
rechercher les changements possibles,
aussi le monde doit…
Descendre. Je me tiens debout au bord de l’eau en bottes,
les vagues tombent et retombent, lavent
par-dessus mes pieds, laissent
un peu d’écume salée dans le sable.
Me tiens penchée sur mon âme,
avec une lampe, éclaire
tout au fond.
Me suis longtemps inquiétée de mes inquiétudes,
qui font que les os s’émiettent,
que l’infini
se fond dans les moindres intervalles.
Les vagues battent leurs coups anesthésiants,
instant d’eau calme,
un bruissement dans ma tête, un mugissement.
Je suis en vie, chaque cellule de mon corps est en vie :
Inhale l’air cru de la mer. Dans les poumons,
le monde se renouvelle.
Le sable, l’eau et le ciel existent,
le froid sur mes pieds.
L’eau est en mouvement constant où je suis —
je pourrais peut-être m’élever avec les vagues,
pour ensuite sombrer,
m’élever encore, me laisser prendre par le vent,
soulever
entre les étoiles filantes.
Je me trouve au milieu de l’obscurité,
secoue mes inquiétudes
dans la mer.
Vais essayer de rassembler l’âme et le squelette,
revenir bien droit dans la clarté de la lampe torche.
Pia Tafdrup, Le soleil de la salamandre, traduit du
danois par Janine Poulsen, éditions Unes, p. 62.
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