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21/04/2020

Agrippa d'Aubigné, Les Tragiques

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                       Misères

Financiers, justiciers, qui opprimez de faim

Celui qui vous faict naistre ou qui defend le pain,

Sans qui le laboureur s’abreuve de ses larmes,

Qui souffrez mendier la main qui tient les armes,

Vous, ventre de la France, enflez de ses langueurs,

Faisant orgueil de vent, vous monstrez vos rigueurs.

Voyez la tragedie, abaissez vos courages.

Vous n’estes spectateurs, vous estes personnages ;

Car encor’ vous pourriez contempler de bien loin

Une nef sans pouvoir lui aider au besoin,

Quand la mer l’engloutit, et pourriez de la rive,

En tournant vers le ciel la face demi-vive,

Plaindre sans secourir ce mal, oisivement,

Mais quand, dedans la mer, la mer pareillement

Vous menace de mort, courez à la tempeste :

Car avec le vaisseau vostre ruine est preste.

 

Théodore Agrippa. D’Aubigné, Les TragiquesJannet, 1857, p. 36.

28/03/2015

Jules Renard, Journal

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   Si vieux, qu’il ne sort de sa bouche que des mots qui ont l’air historique.

 

   Le langage des fleurs qui parlent patois.

 

   Comment ! Je donnerais ma place à une vieille femme qui, non contente de monter sur la plate-forme d’un autobus, devrait être morte !

 

   Un poète inspiré, c’est un poète qui fait des vers faux.

 

   C’était un homme méthodique : il déjeunait en mâchant du côté droit, et dînait en mâchant du côté gauche.

 

Les gens sont étonnants : ils veulent qu’on s’intéresse à eux !

 

Jules Renard, Journal, 1887-1910, texte établi par Louis Guichard et Gilbert Sigaux, Pléiade / Gallimard, 1961, p. 183, 184, 189, 192, 196, 197.