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25/06/2014

Muriel Rukeyser (1923-1980), dans Olivier Apert, Une anthologie bilingue

Muriel Rukeyser, Olivier Apert, mythe, mère, Œdipe, question, réponse, Homme

 

 

                            Mythe

 

Longtemps après, Œdipe, âgé et aveugle, cheminait.

Il flaira une odeur familière.         C'était

la Sphinx.     Œdipe dit, « Je voulais te poser une question.

Pourquoi n'ai-je pas reconnu ma mère ? » « Tu as donné la

mauvaise réponse », dit la Sphinx.             « Mais cela rendait

     pourtant

toute chose possible », dit Œdipe.                « Non », dit-elle.

« Quand je demandai, Qu'est-ce qui marche à quatre pattes le      matin,

à deux le midi, à trois le soir, tu répondis

l'Homme.     Tu n'as rien dit à propos de la femme. » 

« Lorsque tu dis l'Homme », dit Œdipe, « tu entends aussi      femme.

Chacun sait cela. »                        Elle dit, « c'est ce que

tu crois. »

 

                                Myth

 

Long afterward, Œdipus, old and blinded, walk the

roads.     He smells a familiard smell.          It was

the Sphinx. Œdipus said, "I want to ask one question.

Why didn't I recghnize my mother?"       "You gave the

wrong answer" said the Sphnx.      "But tat was what

made everything possible." said Œdipus.     "No," she said.

"When I asked, What walks on four legs in the morning,

two at noon, and then three in the evening, you answered

Man.      You din't say anything about woman."

"When you say Man"  said dipus, ' you include women

too. Everyoneknow that.               She said, 'That's what

you think."

 

Muriel Rukeyser, dans Olivier Apert, Une anthologie bilingue de la

poésie féminine américaine du XXe siècle, Le Temps des cerises, 2014,

p. 83 et 82.

 

02/02/2014

James Sacré, Donne-moi ton enfance

             James Sacré, Donne-moi ton enfance, vieille femme, souvenir, mère

         Une semaine avec James Sacré

 

           Un p'tit garçon, je sais plus

 

   Si on cherche bien rien de si puéril ni de vraiment gentil dans ces années disparues. Tous autant qu'on est sait-on pas les gestes surtout méchants, tout le mauvais désir de vivre à la place de l'autre, les jeux cruels poursuivis jusque dans les tendresses qu'on avait ? Et l'indifférence du ciel qui t'emporte en ses tempêtes, l'enfance poussière et paille tout un vol de petits démons dans un grand pet du vent. Forcément que la vie sent mauvais. Faut s'y faire.

 

                                         *

 

   On finit par se souvenir de choses qu'on n'a peut-être pas vécues quelqu'un t'a raconté vieille femme du village là-bas que tu crois maintenant voir son beau visage qui t'accueille au monde maman t'avait laissé tout seul au bout du champ dans la petite voiture d'enfant, presque rien mais comme si d'un coup la parole t'était donnée avec l'autre et l'ampleur du monde... l'enfance a-t-elle commencé avec le premier souvenir qu'on a ? Et si on l'a quittée en même temps que des culottes courtes ? Personne te dira jamais. La vieille femme du village en savait rien non plus.

 

James Sacré, Donne-moi ton enfance, Tarabuste, 2013, p. 21.