03/06/2024
Paul Valéry, Mauvaises pensées et autres
Parfois la sottise, parfois la puissance de l’esprit, s’obstine contre le fait.
Ce qu’on appelle mystère du monde, mystère de la vie, n’est en soi pas plus profond que l’impuissance des yeux à voir le dos de leur homme.
La nuque est un mystère pour l’œil.
Il est impossible de penser sérieusement — avec des mots comme Classicisme, Romantisme, Humanisme, Réalisme…
On ne s’enivre ni ne se désaltère avec des étiquettes de bouteilles.
La lecture des histoires et romans set à tuer le temps de deuxième ou troisième qualité.
Le temps de première qualité n’a pas besoin qu’on le tue. C’est lui qui tue tous les livres. Il en engendre quelques-uns.
Le besoin de nouveau est signe de fatigue ou de faiblesse de l’esprit, qui demande ce qui lui manque.
Car il n’est rien qui ne soit nouveau.
Paul Valéry, Mauvaises pensées et autres, dans Œuvres, II, Gallimard / Pléiade, 1960, p. 791, 797, 801, 801, 803.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES, Valéry, Paul | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul valer, mauvaises pensées et autres, mystère, sottise, tuer le temps | Facebook |
Les commentaires sont fermés.