30/11/2012
Max Jacob, Le Laboratoire central, Les Pénitents en maillot rose
Pour saluer la publication des Œuvres de Max Jacob en "Quarto" (Gallimard), suite
Le testament de la biche
Quelle forêt ! poudre de rose !
Le ciel est couleur de vin blanc.
Et sur le ciel vin blanc se pose
Chaque branche comme un cheveu.
C'est comme si'il n'y avait jamais eu de vent.
Comme si tout était parent
Fille ou neveu.
Comme si les arbres montaient à cheval frère à frère
Ainsi sur une estrade les vaches se font traire.
Et aussi comme si avec des chiffres de millions
On faisait difficilement une division
Ainsi vont les arbres feuillus, roses dans l'air.
Aubade ! aubade ! ô faon né du flanc de la mère
La bivhe est morte en te mettant sur terre
Et tes yeux, deux boules de jais, des yeux de verre
Sont moins émerveillés par la forêt en l'air
Que par la patte agonisante
Qui se pose sur un papier à lettres,
Le papier à en-tête de la maman
« Ceci ! ceci est ! ceci est mon testament. »
Max Jacob, Le Laboratoire central, dans Œuvres, édition établie, présentée et commentée par Antonio Rodriguez, Préface de Guy Goffette, Quarto / Gallimard, 2012, p. 608.
Nocturne
Sifflet humide des crapauds
bruit des rames la nuit, des rames...
bruit d'un serpent dans les roseaux,
d'un rire étouffé par les mains,
bruit d'un corps lourd qui tombeà l'eau,
bruits des pas discrets de la foule,
sous les arbres un bruit de sanglots,
le bruit au loin des saltimbanques.
Max Jacob, Les Pénitents en maillot rose, dans Œuvres, édition établie, présentée et commentée par Antonio Rodriguez, Préface de Guy Goffette, Quarto / Gallimard, 2012, p. 679.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES, Jacob Max | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : max jaob, le laboratoire central, les pénitents en maillot rose, antonio rodriguez | Facebook |
Les commentaires sont fermés.