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10/03/2024

Georges Perros, Une vie ordinaire

 

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Les femmes vieillissent trop vite

à force d’hommes sur leur ventre

mais elles valent mieux que nous

qui passons entre leurs genoux

comme on entre dans un tunnel

seulement fiers de bien saillir

afin de satisfaire filles

à prendre  et bientôt à laisser

je me dégoûte d’être un homme.

 

Georges Perros, Une vie ordinaire, dans

Œuvres, Quarto/Gallimard, 2020, p. 698.

09/03/2024

Georges Perros, Une vie ordinaire

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Je fus longtemps impressionné

par les gens ayant l’air de croire

à leur réalité D’où vient

qu’on puisse faire de ce rien

qu’est notre présence sur terre

un monument ? Ce ne serait

qu’à moitié absurde si tête

en avant l’autre n’y jetait

ce qu’on nomme encor son complexe

Les hommes mutuellement

se font si peur les uns les autres

Ils ne l’avouent qu’à peu près sûrs

de mourir sur l’heure Après quoi

parler de masques de pudeur

de caractère de froideur

est à tout prendre plus malin

que de choisir banalité

la revêche et pauvre parure

 

Georges Perros, Une vie ordinaire, dans

Œuvres, Quarto/Gallimard, 2020, p. 727.

26/06/2021

Georges Perros, Une vie ordinaire

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Il faut beaucoup d’indifférence

ou d’amour c’est selon les goûts

pour résister à ce que l’on trouve

aimable un jour un autre non

et que revient comme rengaine

ce même amour mêlé de haine

Mais l’amour a  le dernier mot

pourvu qu’on fasse acte d’absence

quoique présent Ainsi les choses

arbres ciel mer pavés des rues

se foutent de nous comme peu

d’êtres sont capables de faire

et si vous vous mettez dessus

le nez en état touristique

elles font le paon

                            J’aimerais

vivre ici dit la jouvencelle

Quand la retraite aura sonné

aux flambeaux de nos deux pantoufles

lui répond son urbain mari

qui a d’autres chats à fouetter

que ceux qu’on rencontre la nuit

faisant l’amour dans la nature

 

Georges Perros, Une vie ordinaire, dans

Œuvres, édition Thierry Gillybœuf,

Quarto/Gallimard, 2017, p. 758.

16/01/2020

Georges Perros, Une vie ordinaire

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J’ai besoin d’amour mais m’en passe

et quand on monte l’escalier

souvent je ferme à double tout

pour ne pas avoir à souffrir

de voir femme ou homme apparaître

pour me faire souffrir encore

L’amitié j’en connais le baume

et la douleur bien davantage

Allez plus on avance en âge

moins on a de temps à donner

à ceux qui ont besoin de nous

que luxueusement. C’est tout

ce que ce soir j’ai à chanter.

 

Georges Perros, Une vie ordinaire (1967),

dans Œuvres, édition Thierry Gillybœuf,

Quarto/Gallimard, 2017, p. 749-750.

07/08/2019

Georges Perros, Une vie ordinaire, roman poème

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Mais ce sont nos amours qui comptent

plus que nos haines Je rencontre

tous les jours qui vivraient très bien

sans la musique de Mozart

et de tant d’autres de moindre art

et je leur parle cependant Ils

ne se mettent en colère

que pour la politique aidés

par les clients d’oisiveté

aux aguets des propos d’hier

pour  relever leur aujourd’hui

Ils sont gens qui votent à tour

d’un bras quelque peu fatigué

On aime peu ce que j’adore

ou l’aime-t-on qu’on me fait  tort

en m’en expliquant la genèse

 

Georges Perros, Une vie ordinaire, dans

Œuvres, édition Thierry Gillybœuf,

Quarto / Gallimard, 2017, p. 753.