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07/07/2019

Shakespeare, Sonnets (traduction Pierre Jean Jouve)

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XIII

 

Ah si vous étiez vous à vous-même ! mais, amour, vous n’êtes vous-même à vous-même que tant que vit ici votre vous-même : contre cette fin qui accourt vous devez vous prémunir, et votre chère semblance à quelque autre la départir.

   Alors cette beauté dont vous avez la jouissance, elle ne trouverait de fin alors vous seriez votre vous-même encore après mort de vous-même, votre doux fruit portant votre très douce forme.

   Qui peut laisser si belle maison tomber à ruine, qu’un soin familier maintiendrait en honneur, contre bourrasque et vent du jour d’hiver et stérile rage du froid éternel de la mort ?

   Oh seulement l’infécond. Cher amour vous savez que vous eûtes un père : que votre fils aussi de vous puisse le dire.

 

William Shakespeare, Sonnets, traduction Pierre Jean Jouve, dans Pierre Jean Jouve, Œuvre, II, édition établie par Jean Starobinski, Mercure de France, 1987, p. 2081.

 

30/07/2015

Shakespeare, Sonnets, traduction Pierre Jean Jouve ; William Cliff

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XIII

 

  Ah si vous étiez vous à vous-même ! mais, amour, vous n’êtes vous-même à vous-même que tant que vit ici votre vous-même : contre cette fin qui accourt vous devez vous prémunir, et votre chère semblance à quelque autre la départir.

   Alors cette beauté dont vous avez la jouissance, elle ne trouverait de fin alors vous seriez votre vous-même encore après mort de vous-même, votre doux fruit portant votre très douce forme.

   Qui peut laisser si belle maison tomber à ruine, qu’un soin familier maintiendrait en honneur, contre bourrasque et vent du jour d’hiver et stérile rage du froid éternel de la mort ?

   Oh seulement l’infécond. Cher amour vous savez que vous eûtes un père : que votre fils aussi de vous puisse le dire.

 

William Shakespeare, Sonnets, traduction Pierre Jean Jouve, dans Pierre Jean Jouve, Œuvre, II, édition établie par Jean Starobinski, Mercure de France, 1987, p. 2081.

 

13

Est-ce que tu t’appartiens ? Mon Chéri,

tu ne t’appartiens pas sur cette terre

et avant que ton destin soit fini

tu dois donner de vivre à un autre être.

Lors ta beauté que tu tiens en partage

ne cessera pas avec ton décès

mais elle durera dans l’héritage

délectable que tu auras laissé.

Qui voudrait en effet que la froidure

puisse dégrader son bien tout entier

alors qu’il peut contre l’horreur future

sauver sa beauté par un héritier ?

Et toi-même n’as-tu pas eu un père ?

Fais donc un fils qui bénisse ta sève !

 

Shakespeare, Sonnets, traduction William Cliff,

Les éditions du Hasard, 2010, p. 33.