29/07/2022
Dominique Quélen, Une quantité discrète
L’idée du poème traverse le poème en n’y laissant aucune trace. Il s’ouvre de toutes part à l’intérieur d’un espace clos qui est le poème même et le poème encore à venir dont il contient déjà la trace. Nulle part à l’intérieur de l’espace du poème n’est visible une trace identique à la trace laissée par l’idée du poème à travers la représentation figurée du poème à venir. Tout l’espace du poème est laissé vacant pour être occupé par la trace encore invisible qu’il ne cesse de contenir.
Dominique Quélen, Une quantité discrète, Rehauts, 2022, p. 69.
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26/12/2014
André du Bouchet, Orion / Image : Reflets dans l'étang
au détour de la
route — sorties de la route — deux traces de roue dans les terres. en novembre deux traces vertes — plus vertes que le vert aujourd’hui de la première levée des semis d’hiver.mais
tranchant, là sur le vert léger étale, ce qui sur cette trace a pu lever l’emporte sur les traces.deux parallèles parties vers le haut se recoupent où le souvenir du tracteur dont les roues sur leur demi-tour auront, en tassant le sol, suscité le surcroît de couleur s’efface dans le versant monochrome.
là-devant, plus d’une fois l’un ou l’autre — du regard ou sur son pas — a un instant fait halte.
en surplomb le vert — plus vert, là, que le vert, se voit comme retranché du vert.
la trace, elle, en retrait. le vert, sitôt en avant
de la trace.
André du Bouchet, Orion, Deyrolle éditeur, 1993, p. 29-30.
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03/05/2013
Virginie Poitrasson, Journal d'une disparition — mai 2008
6 mai
présence du vélo sous mes pieds, les pédales qui tournent sous la poussée, l'essoufflement prend forme
première annonce de ta disparition
7 mai
retour aux bases, première gestuelle de survie, avec peut-être de l'agitation, et la matière, la matière si forte à cet instant
ta chambre vide de ta présence
8 mai
en recherche, en action, à tourner en rond, avec les scénarios les plus probants, échafaudages accrochés aux émotions
et ta trace comme s'évaporant au soleil
9 mai
statique, tendue, arrêtée dans le salon, du salon au jardin, du jardin au salon, périmètre du raisonnement mental
quand tu commences à te livrer virtuellement
10 mai
le début de la liste, parce qu'il faut bien commencer par quelque chose, parce que faire des listes fait tenir (faire des listes pour ne pas devenir fou)
et tu es ressenti comme une perte — mais pas totale
11 mai
une pause suspendue, bulle de patience, oreilles et bouches multiples, tout dans la gravité, suspendue en l'air, gravitation qui s'incite et s'insinue en moi
toi, ton odeur, ta musique, tes objets, ta souffrance encore présents dans la pièce
[...]
Virginie Poitrasson, Journal d'une disparition — mai 2008—, Ink, 2009, np.
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