20/11/2017
Fernando Pessoa, Pour un "Cancioneiro"
Ma vie aura été, en somme,
Autant subalterne qu’obscure,
Sans bonne ni mauvaise part,
Ombres de haillons dans la brume.
Comme un caissier je suis resté
Posté derrière un guichet nul :
Poète ou amant, nul Catulle
Ne devient conseiller d’État.
Et même quand on m’a aimé
Il semble que l’on m’offensait.
L’habit humain dont j’ai été lardé
Ses boutons même ont tous sauté.
Me voici calme, un peu plus sûr
Un tant soit peu moi désormais :
Voyant, après coup, le portail ouvert,
Mais disant toujours : "Ce n’est pas chez moi".
Fernando Pessoa, Pour un « Cancioneiro », dans Œuvres
poétiques, édition Patrick Quillier, Pléiade/Gallimard, 2001.
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08/05/2015
Fernando Pessoa, Pour un "Cancioneiro"
Une pluie tombe du ciel gris
Qui n’a aucune raison d’être
Il n’est pas jusqu’à ma pensée
Où ne ruisselle de la pluie.
J’ai en moi plus grande tristesse
Que celle-là que je ressens
Je veux me la dire mais elle
A le poids de ce que je mens.
Car en vérité je ne sais
Si je suis triste ou pas triste,
Et légèrement la pluie tombe
(Car Verlaine y a consenti)
À l’intérieur de mon cœur.
Fernando Pessoa, Pour un « Cancioneiro »,
traduction Patrick Quillier, dans Œuvres
poétiques, Pléiade /Gallimard, 2003,
p. 737-738.
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