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04/12/2020

Antonio Prete (1939), Menhir

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             Pauvreté de la parole

 

L’existence peut-elle se faire alphabet,

son, verbe de présence ?

 

Le souffle de la terre et de la douleur

effleure la peau des syllabes,

ce n’est pas le sang et le corps de la langue,

mais seulement un hôte, passager.

 

La mer lèche à peine la lettre qui le dit.

Et le ciel s’éteint dans le mot qui l’accueille.

 

Antonio Prete, extrait de Menhir, traduction

Philippe di Meo, La Nouvelle Revue Française,

janvier 2008, p. 109.

06/01/2019

Paul Celan, La rose de personne

 

Le menhir

 

Gris de pierre

qui pousse.

 

Forme grise, sans

yeux, toi, regard de pierre, avec lequel

la terre a fait saillir vers nous, humains,

sur l’obscur, le clair, de ces chemins de lande,

le soir, devant

toi, gouffre du ciel.

 

De l’adultérin,

charroyé jusqu’ici, sombrait

par-dessus le dos du cœur. Moulin-

de-mer moulait.`

 

Aile-claire, tu étais suspendue le matin,

entre genêt et pierre,

petite phalène.

 

Noires, couleur

de phylactères, ainsi étiez-vous,

cosse

partageant les prières.

 

Paul Celan, La rose de personne, traduction

Martine Broda, Le Nouveau Commerce,

1979, p. 97.