17/06/2018
Lionel Ray, Les métamorphoses du biographe
la dernière nuit
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La dernière nuit on disait encore « c’est tout simple »
sans protester on poussait sa charrette sur un
carreau où l’œil nu s’effondre brusquement on sait
pour quelques instants s’appuyer à tous les zincs
avec la faune des écaillers et ça plaisante
hors du domaine public sans habillement
les maraudeuses entre les cageots déracinées
de l’Étoile avaient le visage en sang
Les marginaux assis n’étaient plus sûrs de rien
Toutefois les pieds énormes feront plus loin des rondes
On verra tout est prêt la rue de Carpentras
L’allée de la Cossonnerie neuf bâtiments
Pour les fruits et légumes sans aucune tradition
Mais les camions du négoce ne quitteront pas
La rue Rambuteau sans la grosse Germaine qui
« Travaille pas nous autres seul’ment sur les touristes »
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Lionel Ray, Les métamorphoses du biographe, Gallimard, 1971, p. 65.
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15/08/2017
Lionel Ray, L'interdit est mon opéra
manière de nos désirs
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Avec un chapeau sur le cœur mais l’auréole
Subsistait (ayant perdu un autre aspect des
Fleurs maintenant elle parlait aux prophéties ;
À quelques jours de là d’autres plantes fascinaient
Les rôles : invasion d’abeilles il s’éveilla pour
Des matinées d’égards (escapade des paroles
J’écouterai ses revenirs pardon d’épines)
Depuis le temps de son enfance « pour quel muet
Séjour échangerez-vous ces buissons » elle rit
D’un bal comme d’une eau merveilleuse ayant parfois
Ce léger accent des photos en présence de
Faits indubitables filles des fruits ressemblants
Des épingles dans la voix (d’autres bienvenues)
Bavardage des lèvres que je voulais chemin
Ou — — — — — — — — signal de papillon
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Lionel Ray, L’interdit est mon opéra, Gallimard, 1973, p. 25.
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11/02/2013
Lionel Ray, Comme un château défait
De toi que reste-t-il ? les mots et les chemins
de partout tombent
comme les cartes du jeu ancien.
Tu appelles du fond de la gorge
toutes les paroles du monde.
Ces mots qui ne sont à personne,
pour la grande moisson nocturne,
la messe noire du souvenir.
*
Le termps ne vieillit pas,
il tourne la page du jour,
préserve la nuit dans son poing de pierre.
Le temps est un pays immobile
en deça d etoi-même.
Il éloigne toute fin, la dissipe,
verger aux fruits obscurs
et familiers.
Lionel Ray, Comme un château défait, Gallimard,
1993, p. 94 et 95.
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