24/06/2013
Jean-Luc Parant, Les très-hauts
Il n'a fait que nuit, le soleil était très loin et très petit dans le ciel, sa lumière nous parvenait à peine, nos yeux n'étaient que des points sur notre visage comme le soleil n'était qu'un point dans le ciel. Quand le soleil s'est approché, nos yeux se sont agrandis ; nous nous sommes mis debout et nous avons eu des mains pour pouvoir maintenir le soleil entre nos doigts, et empêcher qu'il ne grossisse trop dans le ciel, et pour pouvoir toujours nous cacher derrière notre main pour qu'il n'éblouisse pas nos yeux et ne brûle pas notre corps.
Notre corps n'a pas brûlé parce que nous avons écrit avec lui, nous avons écrit des livres avec notre main qui nous cachait le soleil, comme nos yeux n'ont pas été éblouis parce que nous avons lu avec eux et que nous avons lu des livres avec nos yeux qui nous montraient le soleil et nos mains qui écrivaient et nos yeux qui lisaient ont repoussé le feu, le feu est resté à sa place, immobile dans l'espace pour nous faire découvrir l'intouchable.
Jean-Luc Parant, Les très-hauts, Argol, 2013, p. 27-28.
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18/02/2013
Anise Koltz, Je renaîtrai
Mon ombre
Je m'embrouille
dans mon ombre
comme dans un filet de pêche
Elle me fait trébucher —
m'enlace au soleil
pour qu'avec lui
je quitte la terre
*
Je vis depuis toujours
Mais j'ignore
dans quel corps
j'ai enfoui ma chair
J'ignore quelle mère
m'a légué sa douleur de vivre
sa douleur de mourir
Tandis que sa sève monte en moi
je la porte comme une amulette
qui attire les maléfices
Anise Koltz, Je renaîtrai, Arfuyen, 2011,
p. 146 et 124.
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