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18/02/2013

Anise Koltz, Je renaîtrai

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                    Mon ombre

 

 

Je m'embrouille

dans mon ombre

comme dans un filet de pêche

 

Elle me fait trébucher —

m'enlace au soleil

pour qu'avec lui

je quitte la terre

 

                      *

 

         Je vis depuis toujours

 

Mais j'ignore

dans quel corps

j'ai enfoui ma chair

 

J'ignore quelle mère

m'a légué sa douleur de vivre

sa douleur de mourir

 

Tandis que sa sève monte en moi

je la porte comme une amulette

qui attire les maléfices

 

Anise Koltz, Je renaîtrai, Arfuyen, 2011,

p. 146 et 124.

 

16/09/2012

Edmond Jabès, Aely

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                                  Le livre

 

   L'ombre a, pour passé, la lumière et la clarté, l'ombre.

   Quel que soit le chemin que nous empruntions, le passé brasille au loin, tel d'une bougie, le dernier bout libre de la mèche.

   Nous retrouvons la chandelle quittée, le temps d'une lecture.

   Le livre est le lieu de ces allers et retours ampliatifs.

 

   ... de la nuit à la nuit, c'est-à-dire de l'en deçà à l'au-delà du passé.

 

   Je fais une œuvre qui, instantanément, se refait dans le livre.

   Cette répétabilité est celle de sa propre respiration, comme elle est celle de la reduplication de chacun de ses signes.

 

   Si inspirer consiste à remplir d'oxygène ses poumons, expirer serait donc les vider de vie, glisser dans le vide.

   Ainsi, nous ne nous maintenons au monde que parce que nous consentons d'avance à mourir.

 

Edmond Jabès, Aely, Gallimard, 1972, p. 157-158.