28/11/2017
Cole Swensen, Le Nôtre (traduction Maïtreyi et Nicolas Pesquès)
Parce qu’un jardin doit finir
Le Nôtre mit fin au monde
par un saut-de-loup, qui consiste à mettre une bête sauvage dans l’allée centrale :
un plan de coupe dans un coin du dessin
le montre clairement — il est suspendu dans un arc
sous lequel les enfants courent en riant
s’engouffrant dans les portes fenêtres
où ils disparaissent comme du verre dans de l’eau pour le dire autrement
c’est une douve sèche
qui tient le monde à distance tandis que la vision va tout droit sans encombre,
le temps et le cadre
déployés le long d’une élégance que chevauche un tendre loup juste au-dessus du sol.
Topiaire-moi un ciel ; donne-lui la forme d’un esprit.
Cole Swensen, Le Nôtre, traduction Maïtreyi et Nicolas Pesquès, éditions Corti, 2013, p. 35.
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02/04/2013
Cole Swensen, Le Nôtre
Dédales et labyrinthes
Et parfois c'est toi la porte.
Au-dedans de la pierre
il y a un petit dédale. Fais une liste. Fais pour chaque nuance de vert et
une certaine disposition des os qui fait mal
est un vrai labyrinthe,
dit Madame de Sévigné, l'âme de Fouquet
par exemple, l'homme a pour corps un jardin
et tous ses organes — le cœur en topiaire, et l'escalier d'eau
de l'épine dorsale.
On se demande si Fouquet avait vraiment l'un des deux
dit-elle ou aucun ou l'histoire est dérisoire chantait-il
une nuit fourgonnant
dans la cuisine à la recherche d'un en-cas,
il jeta un coup d'œil au carré de légumes
par la fenêtre de l'office. Qui tournait en spirale, longueur sur largeur,
largeur sur longueur moins la largeur. Les planètes
sont en relation étymologique avec les plantes qui se divisent
en moments soigneusement proportionnés lorsqu'il
se retourna et vit la cuisinière qui le fixait,
« Monsieur,
il fait nuit et tous les vergers
suivent
la figure parfaite du quadrille ».
Fouquet
suivit son regard en disant,
« Mon âme est un labyrinthe. Madame de Sévigné l'a dit, et ça me rend triste. »
Cole Swensen, Le Nôtre, traduction de Maïtreyi et Nicolas Pesquès, José Corti, 2013.
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