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15/10/2015

Thomas Bernhard, Je te salue Virgile

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Octobre

 

Sur ces amas de décombres, ne riment à rien

    les lamentations de la mère,

à rien l'intercession du père ivrogne,

    à rien le récit mortuaire du lieutenant,

la rébellion des cardinaux à rien,

    à rien la projection de l'avenir,

les pleurs de tous les peuples à rien,

à rien l'éther mortifié,

    la fin des océans...

 

Les mâchoires enfouies je les déterre,

    ces avilissements,

ma décrépitude, je les fais comparaître

 

devant ma bouche dépravée,

    devant mon crâne desséché

jusque dans ma piteuse fin de matinée...

 

Dans la nuit

    tu compenses les incendies de ce monde

par mon imbécillité fraternelle...

 

Thomas Bernhard, Je te salue Virgile, traduit de

l'allemand par Kza Han et Herbert Holl,

Gallimard, 1988, p. 49.