04/04/2020
Étienne Faure, Tête en bas
De la perte il me reste une enveloppe, pelure
de ton amour naguère qui me souriait — que faire,
respirer, humer le désert, se souvenir du
va-et-vient de l’air dans ton corps qui sortait,
rentrait dans la cage, interdit de quitter
le territoire du torse
pendant tout l’hiver quand légèrement blanchi
Paris givrait de l’intérieur au contact de nos souffles,
cette espèce de candeur où tes lèvres
et la chaleur des corps mue en chaleur humaine
m’avaient assigné — maintenant me voici
face aux arbres, nouvelle fenêtre
d’où l’avenir allègrement raté s’aperçoit,
qui exonère de tout devoir de survie
— le ciel n’est pas trop moche par rapport à hier,
si je mourais maintenant ça ne serait
pas bien grave, il est quelle heure ?
Et pense à respirer mon amour.
le pire est expiré
Étienne Faure, Tête en bas, Gallimard, 2018, p. 91.
On peut lire un texte en prose récent d’Étienne Faure sur remue.net :
https://remue.net/silence-on-reve-etienne-faure
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