Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/06/2016

Jean-Paul Michel, Générosité de l'ellipse, dans L'Étrangère

                                            1474097_a1-8401389-18401389-1200_800x400.jpg

                  Générosité de l’ellipse (Du fragment)

 

                                                   1

 

   La légitimité du fragment se soutient de l’impossibilité de « tout dire ».

 

« Tout dire » supposerait que se puisse dire le tout. On peut craindre que cette condition préjudicielle ne soit pas offerte de droit à nos langues. Un pur désir de la totalité du vrai pourrait seulement ouvrir, en cela, devant le sujet de ce désir, carrière à des travaux inachevables. Il y a de l’impossibilité à dire.

   Nos facultés de dire tiennent aux puissances de symbolisation du langage, augmentées de la ressource des compositions d’effets sensibles qui sont la matière de nos arts. Ces opérations paradoxales donnent un bord désirable à nos mondes. Les bienfaits qu’elles prodiguent aux mortels sont une provende sans prix. Aussi bien, l’incessante « chasse » de ces figures laisse un reste.

 

Ce reste parle à notre mélancolie.

 

Il est immense.

 

Jean-Paul Michel, Générosité de l’ellipse, dans L’Étrangère, n° 35-36, 2014.