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08/02/2022

Charles Pennequin, Dehors Jésus

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[La jeunesse] ne sait plus comment se tenir devant la déconfiture des aînés. Comment faire se dit la jeunesse pour se débarrasser des idées vieilles qui nous pourrissent la tête. L’idée vieille a gonflé en nous. Elle a poussé comme un poireau. Elle a fait cette nécrose au sein de notre devenir jeune. Cette boule nécrosée au centre de nos esprits. Elle a fait que nous ne voyons plus l’essence et la force des choses. Il nous faut supprimer la nécrose des âges. Il nous faut se débarrasse un bon coup de cette mauvaise herbe qui a poussé entre nous et les générations. Les générations de têtes pourries qui nous regardent. Les générations avariées par la paresse, l’avidité, le confort, la luxure, le prêt-à-porter, les consommations modernes. Nous n’allons pas nous payer de mots. Nous allons raviver le feu qui couve en nous depuis des siècles.

 

Charles Pennequin, Dehors Jésus, P. O. L ; 2022, p. 21.

07/02/2022

Charles Pennequin, Dehors Jésus

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Petit Jésus est nostalgique des premiers instants qu’il vit mais qu’il ne connaît pas. Il st nostalgique de la vie qui pousse sans s’arrêter. La vie pousse devant lui et autour de lui, partout la vie elle pousse et elle ne s’arrête jamais et pourtant il lui semble qu’elle n’est que mort. La vie elle ne s’arrête jamais pour échapper à la mort, mais en réalité c’est parce qu’elle continue qu’elle est dans la mort, c’est ce que petit Jésus pense, car petit Jésus pense que la vie c’est la nostalgie, c’est-à-dire le moment où tout s’arrête. La vie, c’est le moment où l’on voudrait tout noter de la vie et qu’on ne peut pas, on ne peut pas noter la vie qu’on vit pense alors petit Jésus, et petit Jésus voudrait accrocher la vie pour pouvoir tout goûter des moments qu’il est en train de vivre, ce qu’il vit file à toute allure, elle file de partout tout autour du petit Jésus la vie.

 

Charles Pennequin, Dehors Jésus, P. O. L, 2022, p. 113-114.

04/02/2022

Charles Pennequin, Dehors Jésus

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(...) Malgré tous les beaux discours, l’humain n’a jamais fait autant de bruit. Il jouit dans les déflagrations et les explosions. Il jouit plus que jamais de la guerre quotidienne faite à la nature et à lui-même, et du coup il produit de l’art. L’art c’est jouir dans l’impensable. L’art c’est se fondre dans ce qui est presque inhumain et le bruit fait écho à ce qui est inaudible en fin de compte. Et ce qui est inaudible encore maintenant, c’est la passion seule pour le bruit. La violence est inaudible pour les contemplateurs de l’art mort, pour ceux qui ne veulent pas de l’impensable, ni même de l’impensé, pour celui ou celle qui feint toujours de ne pas jouir du bruit de la vie présente. Et la vie présente n’est qu’inhumaine pour les humains. Il n’y a pas d’autre vie possible puisque la vie pour l’inconscient humain n’est pas dans la nature. Bien sûr il contemple et aime la nature l’humain, mais pour son art mort. C’est une passion hypocrite. C’est pour se faire croire qu’il est proche de la nature, alors qu’au fond il a quitté le naturel depuis qu’il parle.

 

Charles Pennequin, Dehors Jésus, P. O. L, 2022, p. 159.