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18/03/2017

Fabienne Raphoz, Blanche baleine

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De la remise

 

dans les caisses rouges

- à petits bois

une couleuvre a mué

 

 

 

mon père

             ses caisses rouges

             - à pommes

             devant le Môle

 

 

Idared

             Mutsu

                         Melrose

 

classées

 

 

dans sa chambre

           il ne sait plus

           que           pommier

 

 

refrain : une couleuvre

             - aveugle

             a mué

 

Fabienne Raphoz, Blanche baleine,

Héros-Limite, 2017, p. 69.

 

08/03/2017

Pierre Michon, Le Roi du bois

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Tôt un matin, j’allais me couper des sifflets sous un taillis, dans un de ces fonds humides où viennent des essences tremblantes que le moindre souffle agite, saules et trembles, et qui recueillent à leur pied de pauvres espèces, les couleuvres, les grenouilles : on fait dans ces écorces les meilleurs sifflets, on en tire une plainte ténue mais exagérée comme le chant des crapauds. Oui, Dieu sait que je n’allai chercher là que de bons sifflets. L’odeur des feuilles pourries montait et penché là-dedans j’avançais avec précaution, très occupé, le regard à hauteur de terre. Le jour de juin me trouva dans ce sous-bois. À un détour par une trouée je vis au loin le front d’un palais dans le soleil levant en haut de la colline : rien n’y bougeait, nul n’était levé, c’était clair et inhabité comme un rocher ; ici les brumes de la nuit persistaient, les feuillages retombaient, tout était noir. J’étais bien.

 

Pierre Michon, Le Roi du bois, éditions infernales, 1992, p. 23.