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27/09/2021

Étienne Faure, Ciné-plage

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Sous d’apatrides vêtements aux couleurs

perdues dans la bataille

ils arrivaient par l’Europe en neige,

alors champ équivoque où germaient les victoires défaites,

puis repartaient pour cause de guerre en sens inverse,

pour les beaux yeux d’une patrie disant des mots d’adieu

dans une langue occasionnelle,

n’importe quoi qui comblât l’écart

en train de se creuser depuis l’arrière

jusqu’à l’amovible première ligne

approchée la nuit dans l’éclat d’armes blanches,

la lutte acharnée des chairs pour quelques mètres,

ici ressortissants drapés dans la boue

des gisants d’avant-hier autre époque,

en d’identiques raideurs nationales.

 quelques mètres

 

Étienne Faure, Ciné-plage, Champ Vallon, 2015, p. 126.

Photo Chantal Tanet

 

        Lecture-rencontre à deux voix :
                      Stéphane Bouquet & Etienne Faure
                         liront
Le fait de vivre (Champ Vallon) & Et puis prendre l'air (Gallimard)
 
                        à la librairie Gallimard,15 Bd Raspail,
                                mercredi 29 septembre19h

 

 

21/07/2015

William Faulkner, Le Bruit et la fureur

                       faulkner.jpg

2 juin 1910

 

   Quand l’ombre de la croisée apparaissait sur les rideaux, il était entre sept heures et huit heures du matin. Je me retrouvais alors dans le temps, et j’entendais la montre. C’était la montre de grand-père et, en me la donnant, mon père m’avait dit : Quentin, je te donne le mausolée de tout espoir et de tout désir. Il est plus que douloureusement probable que tu l’emploieras pour obtenir le reducto absurdum de toute expérience humaine, et tes besoins ne s’en trouveront pas plus satisfaits que ne le furent les siens ou ceux de son père. Je te le donne, non pour que tu te rappelles le temps, mais pour que tu puisse parfois l’oublier pour un instant, pour éviter que tu ne t’essouffles en essayant de le conquérir. Parce que, dit-il, les batailles ne se gagnent jamais. On ne les livre même pas. Le champ de bataille ne fait que révéler à l’homme sa folie et son désespoir, et la victoire n’est jamais que l’illusion des philosophes et des sots.

[...]

 

William Faulkner, Le Bruit et la fureur, traduction par M.-E. Coindreau, revue par M. Gresset avec le traducteur, dans Œuvres romanesques, I, Pléiade / Gallimard, 1977, p. 414.