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03/06/2022

Étienne Faure, Vol en V

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Dans la ville à pied, sans repli, sans arrière-

pays, origines, hors cela, il emprunte

au début sous le nom de rue, pont, grève,

un parcours exempté de fil, anonyme,

laissant l’impasse pour attraper les quais

via les passages, les cours et circuler

inclus dans la foule en mue sans arrêt

selon l’heure ou l’allure à laquelle on passe,

interdit soudain sous un nom, un bouquet

au mur scellé (mortellement blessé)

après la chute de naguère, le bruit d’un corps au sol,

épitaphe à jamais cernée du crible des impacts

encore au mur, semblant redire : passant,

nous allons mourir et personne n’en saura rien,

ou bien continuer de parler aux vivants

plus avant, ceux qui vont te survivre

— et le flâneur éclairé sous un angle

un instant exposé au soleil du soir,

médite à découvert avant de traverser vite,

regagner l’ombre.

 

passage à découvert

 

Étienne Faure, Vol en V, Gallimard, 2022, p. 121.

17/02/2018

Antonio Porchia, Voix abandonnées

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Ce qui naît de ce monde porte dès la naissance la vieillesse de ce monde.

 

Quand on se met à nous voir comme ceci, comme cela, on ne nous voit pas.

 

Toute personne anonyme est parfaite.

 

Un homme est un homme avec les autres : seul il n’est personne.

 

S’éveiller est toujours une surprise.

 

Antonio Porchia, Voix abandonnées, traduction de l’espagnol (Argentine) Fernand Verhesen, éditions Unes, 1991, p. 23, 29, 31, 33, 39.