09/05/2022
Jean-Loup Trassard, L'ancolie
Chaque sabot ayant son double, inverse comme dans un miroir, le dernier souci sera de percer sur la paire, à l’intérieur des pieds, eux trous conjoints où passer une ficelle de chanvre dont le sabotier tient une grande touffe au plafond de son atelier. Qui peut s’assurer entre le texte écrit et celui qui sera lu, tour à tour l’un entraînant l’autre, d’une relation aussi étroite et continue ? Il faudrait, voilà : que pris dans l’intimité du bois vous gardiez une mémoire étrangère afin, touchant les parois, sans vous perdre d’y inventer — ou découvrir — d’infinies anfractuosités.
Jean-Loup Trassard, L’Ancolie,, Gallimard, 1975, p. 152.
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