16/05/2021
Marina Tsvétaïéva, Tentative de jalousie
Ennui et tristesse
Ennui et tristesse... À qui donnerai-je la main
À l’heure où plus rien ne nous leurre ?
Désirs ? À quoi bon désirer constamment et en vain ?
Et l’heure s’en va, la meilleure.
Aimer — mais qui donc ? À quoi bon — ces amours pour un jour ?
Que dure l’amour le plus tendre ?
Je sonde mon cœur. Ce qui fut, est parti sans retour,
Et tout ce qui est n’est que cendre.
Je vois mes passions, sous la faux de la froide raison
Gisant — comme tiges éparses.
Oh, vie ! Soupirs et plaisirs et retour des saisons —
Oh vie, tu n’es qu’une farce.
Marina Tsvétaïéva, Tentative de jalousie, traduction Ève Malleret, La Découverte, 1986, p. 207.
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