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15/05/2021

Charles Albert Cingria, Florides helvètes

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Ce pays qui est une vallée

 

   Je voudrais avoir, plutôt qu’un talent dont je me défie — et je ne suis pas le seul — ou une inspiration dont le moment ne m’appartient pas, et qui me fait alors souvent défaut, me laissant tout chancelant, une fine et précise écriture penchée de carte de visite. Et un cœur semblable, un cœur de cire, un cœur rose, dont je serais attentif à ce qu’aucune température inusitée ne fût en danger de lui faire perdre sa forme, afin qu’au moins dans cet artificiel — j’emploie ce mot au sens étymologique de construit selon les règles de l’art — j’aie la certitude de ne pas dépasser un ton. Oui, et pour tout dire, ce ne serait pas une plume d’oie (quelle absurdité qu’une plume d’oie !) ni un roseau qu’il faudrait, mais une dure petite plume moderne — de fer, évidemment, mais pas noire : noire seulement dans le haut, à l’intérieur, dans cette partie voûtée d’encre sèche ou vacille en croix un infime jour,  comme, à des grands temps, jadis, sur la nuit des armures du Siège de Damiette — afin que je puisse m’exprimer avec convenance sur un tel sujet.

 

Charles Albert Cingria, Florides helvètes et autres textes, L’Âge d’Homme, 1983, p. 61.

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