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17/04/2016

Aragon, Théâtre / Roman

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Thérèse, ou L’acteur ne parvient pas à s’endormir

 

   Des pas dans l’épaisseur des murs des meubles, des méandres

   De ma mémoire Des soupirs Ce que je fus ce que je suis

   Me tiennent éveillé La maison la rue À cette heure de l’ombre

   Tous les bruits les plus bas les plus forts Un passant

   Qui me ressemble les freins d’une voiture et je n’arrive pas

   À comprendre si c’est au dehors ou dans moi

   Tous les bruits sont contre-nature

 

   J’écoute invinciblement j’écoute la rumeur mortelle de ma vie

   J’entends battre un volet la voile d’un navire

   Un vent je ne sais d’où venu m’apporte de partout

   Le chant morne des drapeaux en berne

 

   Je chavire ou le lit Je m’enfonce je verse

   Vers toi ma Terre qui m’attires

   Comme tu fais le plomb

 

   Terre ma femme ma faiblesse à la fois

   Et ma force

   Terre ma terre où je tombe

   Terre profonde à mon fléchir

   À la mesure de ma pesée

   Terre couleur de mon sommeil

   Terre ma nuit mon insomnie

 

Aragon, Théâtre / Roman, Gallimard, 1974, p. 217-218.

 

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