27/04/2013
Étienne Faure, Légèrement frôlée — Horizon du sol
Où est l'exil
en sueur, en train jadis accompli
si les avions, presque
à la vitesse du mensonge, nous déposent
en des lieux prémédités de loin,
transmis par la parole, des papiers
traduits ou rédigés dans la langue des mères,
où est l'exil, un écart temporel
réduit à rien — espace crânien
où l'on revient sur ses pas pour retrouver
l'idée perdue en route —
histoire de seconde main aujourd'hui effacée
devant l'entrée des morts, sur le seuil,
par politesse ultime de la mémoire
ici trahie, en creux, quand l'avion atterrit
qui ne comblera donc rien, jamais
l'amplitude infinie de la perte
il revient les mains vides
Étienne Faure, Légèrement frôlée, Champ Vallon, 2007, p. 90.
Comme on sort de la ville,
d'un quartier loin du cœur,
l'été longeant les rues ombragées, il arrive
la frôlant — la mort et ses fragrances —
qu'on en garde ombre et parfum mêlés,
de ces jardins le sombre pressentiment
d'un jour d'été, noir à l'idée de mourir tout à l'heure
bien avant les fleurs grillagées,
en plein contraste ayant senti,
belle ironie du nez, le mort venir
dans le mélange des parfums de fleurs
qui font desséchées à cette heure
une espèce de pot-pourri
— vite évanoui, car le jaune agressif au nez
d'un champ de moutarde inhalée
bientôt l'efface, campagne
où la route est tracée,
éperdument ne laissant qu'un lacet dans la tête.
frôlée
Étienne Faure, Horizon du sol, Champ Vallon, 2011, p. 25.
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