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27/04/2012

Hilda Doolittle, Le jardin près de la mer

hilda_doolittle.jpg

                              Nuit

 

La nuit a séparé

l'un de l'autre

et recroquevillé les pétales

sur le dos de la tige

et dessous, en rangs crépus ;

 

dessous, sans  défaillir,

dessous, jusqu'à ce que les peaux se fendent,

et sur le dos de la tige, jusqu'à ce que chaque feuille

s'en détache à force de pencher ;

 

dessous, avec sévérité,

dessous, jusqu'à ce que les feuilles

soient recourbées,

jusqu'à ce qu'elles tombent sur le sol,

courbées jusqu'à ce qu'elles soient brisées.

 

O nuit,

tu prends les pétales

des roses dans ta main,

mais tu laisses le cœur nu

de la rose

périr sur la branche.

 

 

                               Night

 

The night has cut

each from each

and curled the petals

back from the stalk

and under it in crisp rows ;

 

under at an unfaltering pace,

under till the rinds break,

back till each bent leaf

is parted from its stalk ;

 

under at a grave pace,

under till the leaves

are bent back

till they drop upon the earth,

back till they are all broken.

 

O night,

you take the petals

ot the roses in your hand,

but leave the stark core

of the rose

to perish on the branch.

 

H[ilda] D[oolittle], Le jardin près de la mer, traduit

de l'anglais et présenté par Jean-Paul Auxeméry,

Orphée / La Différence, 1992, p. 99 et 98.

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