10/04/2012
Gaspara Stampa (1523-1554), Poèmes
Quand ma brûlure est trop intense, et inhumaine
cette violence qui m'étreint, je suis tentée
de tourner contre moi-même ma propre main
parce que dans un seul mal finissent tant de maux.
Mais alors c'est Amour qui me parle en secret,
Amour, lui qui jamais ne s'éloigne de moi :
« Ne porte pas la faux dans la moisson d'autrui ;
tu ne t'appartiens pas, tu es à ton seigneur ;
depuis le jour où tu t'es mise en son pouvoir,
ton âme et ton corps, ta vie et ta mort, c'est lui
qui en est maître, à lui ils doivent se soumettre.
Oui, prendre congé de toi-même sans que lui
ne le signifie ou te l'accorde, est un acte
plein de témérité où tu n'as aucun droit ! »
*
Quando tavolta il mio soverchio ardore
m'assale e stringe oltra ogni stil umano,
userei contra me la propria mano,
per finir tanti omai con un dolore.
Se non che dentro mi ragiona Amore,
il qual giamai da me non è lontano :
— Non por la falce tua ne l'altrui grano :
tu non sei tua, tu sei del tuo signore,
perché dal dì, ch'a lui ti diedi in preda,
l'anima e 'l corpo, e la morte e la vita
divenne sua, e a lui conven che ceda.
Si ch'a far da te stessa dipartita,
senza ch'egli tel dica o tel conceda,
è troppo ingiusta cosa e troppo ardita.
Gaspara Stampa[1523-1554], Poèmes, traduction et
présentation de Paul Bachmann, édition bilingue,
Poésie / Gallimard, 1991, p. 160-161.
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