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01/04/2013

Johannes Bobrowski, Terres d'ombres Fleuves

Johannes Bobrowski,  Terres d'ombres Fleuves, routes d'oiseaux, sommeil,

Routes d'oiseaux 1957

 

I

Dans la pluie je dormais

dans les roseaux de la pluie je me réveillais.

Avant que tout se feuille, je vois la lune proche,

j'entends le cri des migrations d'oiseaux,

l'émouveur d'air, le cri

blanc qui met l'air en pièces.

 

Vite et vif

comme les loups prennent le vent,

sœur, écoute ! Wäinämöinen

chante à travers le vent,

jette l'aile de neige

sur ton épaule, nous dérivons

sur les pennes dans le vent du chant —

 

II

mais sous de vastes

ciels, seuls, routes

délaissées des légions

à plumes, qui s'en allaient —

dormant sur les vents

elles passaient, un soleil

neuf incendiait, la flamme

a jailli, elles ont brûlé

dans l'arbre de cendres.

 

C'est là-bas que se sont envolés

aussi nos chants.

Sœur, tes mains

blêmissent, tu continues dans mon obscurité

à dormir — quand aurai-je

à chanter la peur des oiseaux ?

 

 

Vogelstrassen 1957

 

I

Im Regen schlief ich,

im Regenröhricht erwacht ich.

Eh es blättert, seh ich den nahen Mond,

hör ich den Zugvogelschrei,

den Lufterschüttrer, den weißen

Schrei, der die Luft zerschlägt.

 

Schnell und scharf

wie die Wölfe wittern,

Schwester,lausch! Wäinemöinen

singt durch den Wind.

wirft aus Schnee den Fittich

auf deine Schulter, wir treiben

flügelnd im Liederwind —

 

II

aber unter großen

Himmeln allein, verlassne

Straßen der gefiederten

Heere, die vergingen —

schlafend auf den Winden

fuhren sie, eine neue

Sonne flammte, die Lohe

schlug herauf, sie brannten

im Aschenbaum.

 

Dort sind aufgeflogen

unsere Lieder auch.

Schwester, deine Hände

bleichen, du schläfst mir im Dunkel

fort — wann soll ich

singen der Vögel Angst ?

 

Johannes Bobrowski,  Terres d'ombres Fleuves, L'Atelier la Feugraie, traduit de l'allemand par Jean-Claude Schneider, 2005, p. 97 et 99, 96 et 98.