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12/11/2022

Jacques Réda, Retour au calme

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                  La pie

 

Au nouvel habitant de la cour (la pie) ;

Derrière mon rideau, ma vieille, je t’épie,

Car depuis ce matin — et ce n’est pas fini —

Tu n’as pas arrêté d’aller, venir ; ton nid

Doit prendre forme en haut de l’immense platane,

Avec des ramillons, des bouts de tarlatane,

De paille, de ficelle ; et, régulièrement,

On entend éclater ton sec ricanement

Qui suspend à tout coup la cadence baroque

Du merle et des moineaux, l’effervescent colloque.

Le concert matinal deviendra bien succinct

Quand, ta famille ayant passé de deux à cinq,

La cour, déjà soumise aux rauques tourterelles,

Retentira du bruit sans fin de ses querelles,

Il est vrai que dans le blason des animaux,

Rien ne vaut la sobriété des deux émaux

Qui, composant le rien d’argent pur et de sable,

Te rendent entre mille oiseaux reconnaissable,

Comme ce vol au mécanique et lourd ballant

Qui paraît imiter celui d’un cerf-volant.

(...)

 Jacques Réda, Retour au calme, Gallimard, 1989, p. 131.

23/03/2021

Li Qinzbao (1084-1154), Œuvres poétiques

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             Poème à chanter 28

 

Aux cris des grillons cachés dans l’herbe,

Tombent du platane des feuilles effarées.

A cet instant, le ciel et la terre sont lourds de tristesse.

Le nuage vu du perron et la lune, du sol,

Me font penser aux portes fermées »es de mille passes,

Même les barques des fées venant du ciel

Et celles qui y retournent

Ne se rencontrent jamais.

 

Le Pont des Étoiles, les pies bien que fidèles

Ne viennent le bâtir qu’une fois l’an.

Les adieux et l’éloignemenet affligent sans fin les célestes amants !

Le Bouvier et la tisserande

Sans doute sont-ils loin l’un de l’autre, sinon

Pourquoi l’éclaircie,

Puis l(ondée suivie

D’un bon coup de vent ?

 

Li Qingzbao, Œuvres poétiques complètes,

traduction Liang Paitchin, Connaissance de

l’Orient/Gallimard, 1977, p.70.