Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/11/2021

Antoine Emaz, Jours

Antoine E.JPG

2. 03. 08

 

la peur

la mémoire noire

on ne la rappelle paa 

elle vient

quand elle veut

ou peut-être un signal

d’un ultra son de vivre

 

elle remonte

on lui fait sa place

sans parler

 

on attend qu’elle reparte

par le premier train de nuit

 

                   *

 

le plus souvent

quand on l’entend venir

on commence par prendre un verre

et s’occuper de tout et rien

histoire

d’espérer qu’elle passera

à quelques pas

sans voir

 

ou la sale bête

taupe

 

parfois ça marche

on ne la revoit plus

 

elle ne faisait que passer

elle a jeté son froid

rappelé assez que l’on était

poreux

 

Antoine Emaz, Jours / Tage,

Éditions en forêt / Verlag im Wald,

2009, p. 109 et 111.

Photo T. H., 2007

02/12/2013

Gabrielle Althen, "Réjouissance", "La limite et l'abîme"

images.jpg

            Réjouissance

 

Prémonition d'oiseau fort

La cascade cherche l'azur

Comme s'il habitait parmi nous

Sous la pluie verte il se trouva

Quelques vieillards preux et vivants

Pour soulever le rideau de ces mots

Tout en riant ces bons savants

Une grosse mouche active

Exhibait sans penser

Le moteur de son vivre

Et le temps continua sans plus en avoir l'air

Amen dit la vie

Sans qu'on sût qui parlait.

 

                           *

 

            La limite et l'abîme

 

Mer transparente mer opaque

On ne sait pas de quel côté seront les pleurs

Peau de reptile ou verre nu

On ne sait de quel côté viendra la peur

De part et d'autre

Les mots sont retombés

Qui jonchent le passé

Et la mer qui demeure ne s'est pas retournée

 

Gabrielle Althen, Poèmes inédits", dans NU(e), n° 53,

 

2013, 234 p., p. 37 et 40.