12/09/2016
Eugène Savitzkaya, Cochon farci
À l’inconnu tel qu’il fut en os,
entrailles entravant sa marche sous le ciel,
criblé de silice, la faux à l’épaule,
faucheur comme d’autres furent moines,
ceci est mon épaule, ceci mon cœur qui bat,
ceci la faux couchant les tiges et les tuyaux,
dénudant la terre et la pierre comme on ouvre
un chemin qui ne mène qu’à lui-même ou à
la voie lactée, combien de sueur en sobriété,
combien de bières, combien de chemises élimées
portent l’empreinte de son squelette
jusqu’à l’autre face du globe, combien de fils
livrés à eux-mêmes ? demain l’aube, aujourd’hui la fin
et vice-versa à l’infini, c’est du kif,
à n’en pas sortir de l’ornière.
Eugène Savitzkaya, Cochon farci, éditions de Minuit, 1996, p. 54.
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