05/03/2018
Martial, Épigrammes
XII, 95
Tu peux lire des livres olé-olé,
Mais que ta nana soit à tes côtés,
Pour que tu n’ailles fleureter
Avec la Veuve Poignet
Et que tu ne deviennes, infâme,
Un mari sans femme !
Martial, Épigrammes, choisie et adaptées
du latin par Dominique Noguez, Arléa,
2006, p. 141.
Musée, en ses livres obscènes,
Rivalise avec ceux que lisait Sybaris
Tant ses pages de sel sont pleines.
Rufus, si tu lis ses écrits
Tout fragrants de saveur traîtresse,
Prends auprès de toi ta maîtresse,
Pour que ta vicieuse main,
Déshonorant le dieu d’Hymen
Par quelque trahison infâme,
Ne te fasse mari sans femme.
Martial, Épigrammes, traduction Jean Malaplate,
Poésie / Gallimard, 1992, p. 165.
Lis des bouquins surexcitants
Au sel cochon superbandant.
Mais prends bien soin que ta copine
Soit avec toi dessous la couette.
T’astique pas tout seul la pine :
Ce serait Poignet sans Poignette.
Martial, DCL épigrammes, recyclées par
Christian Prigent, P.O.L, 2014, p. 221-222.
Musseti pathicissimus libellos,
qui certant Sybariticis libellis,
et tinctas sale pruriente chartas
Instant lege Rufe ; sed puella
sit tecum tua, ne thalassionem
indiças manibus libidinosis
et fias sine femina maritus.
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03/05/2014
Martial, DCL épigrammes recyclées par Christian Prigent
III, 65
Haleine d'enfant qui mord dans un fruit,
Brise qui passa sur fleur de safran ;
Arôme de vigne aux grappes d'argent,
Le gazon aimé des dents de brebis ;
Le myrte épandu avec l'aromate.
L'ambre, l'encens d'orient qi éclate
Au feu pâle ; une pluie douce aux sillons,
Des cheveux brillants du nard des flacons ;
Voilà tout ce que sentent tes baisers.
Pourquoi donc veux-tu me les marchander ?
*
IV, 65
Elle pleure d'un seul œil à la fois
Impossible ? Non — mais borgne : voila !
*
V, 13
J'ai pas un sou mais m'en bats l'œil :
Un peu partout j'ai des lecteurs
Qui s'écartent de mon soleil,
Disant : « C'est lui ! » — Que du bonheur !
Vivant, sur mes lauriers je dors
Mieux que bien d'autres déjà morts.
À toi tes cent mètres carrés,
Un coffre-fort plein craquer,
Tes propriétés, tes chevaux,
Les revenus de tes troupeaux.
Y arriver, chacun le peut.
Mais être moi : essaie un peu !
*
VII, 30
Putain romaine
Mais pute à Grecs.
Et si avec
Un Juif s'amène :
Putain pour lui.
Pute à Germains,
À Égyptiens,
Sand oublier
L'Indien bronzé
De la mer Rouge.
Elle se bouge
Le cul pour des
Petits Maltais,
Des grands Galois.
Même parfois
Tous à la fois.
Oui, mais voilà :
Pas de Romains.
Pour eux : « Tintin ! »
Dit la putain.
*
IX, 81
Mes lecteurs : « C'est bon ! »
Mes critiques : « Non ! »
Plutôt plaire aux invités
Que complaire au cuisinier.
Martial, DCL épigrammes recyclées par
Christian Prigent, P.O.L poche, 2014.
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08/04/2011
Martial, Epigrammes, Livre X, 47 : traduction et adaptation
Ad Julium Martialem
Vitam quæ faciunt beatiorem,
Jucundissime Martialis, hæc sunt :
Res non parta labore, sed relicta ;
Non ingratus ager, focus perennis,
Lis numquam, toga rara, mens quieta,
Vires ingenuæ, salubre corpus,
Prudens simplicitas, pares amici,
Convictus facilis, sina arte mensa ;
Nox non ebria, soluta curis ;
Non tristis torus, attamen pudicus ;
Somnus, qui faciat breves tenebras ;
Quod sis, esse velis, nihilque malis ;
Summum nec metuas diem, nec optes.
Martial, Œuvres complètes, trad.. de V. Verger, N-A. Dubois et J. Mangeat, revue par F. Lemaistre et N.-A. Dubois, Livre X, 47, Garnier, 1864, p. 138.
À Jules Martial
Voilà, mon cher Martial, ce qui fait la vie heureuse :une fortune acquise sans peine et par héritage ; un champ qui rapporte ; un foyer qui toujours brûle ; point de procès ; peu d’affaires ; la tranquillité de l’esprit ;un corps suffisamment vigoureux, une bonne santé ; une simplicité bien entendue ; des amis qui soient nos égaux ; des relations agréables ; une table sans faste ; des nuits sans ivresse et libres d’inquiétude ; un lit où il y ait place pour la gaieté et pour la pudeur à la fois ; un sommeil qui abrège la durée des ténèbres ; être content de ce que l’on est et ne rien désirer de plus ; attendre son denrier jour sans crainte comme sans impatience.
Traduction de Charles-Joseph Panckouke (1736-1798), dans Sept études publiées à l’occasion du 4ème centenaire du célèbre imprimeur anversois Christophe Plantin, Bruxelles, Musée du Livre, 1920, p. 58.
Veux-tu savoir que peut faire la vie heureuse,
Folastre d’Aubigné ? Ce sont les points icy:
Des biens non pas acquis, mais trouvez sans souci ;
Bonne chere, beau feu, la terre fructueuse ;
Point de procès, de noise, avoir l’âme joieuse,
Le cors dispos, qui n’est trop maigre ou trop farcy ;
N’estre point cauteleux, ni point niais aussi,
Avoir pareilz amis, table délicieuse,
Sans crainte, sans soupçon, en sa bourse un escu,
Belle femme gaillarde et n’estre pas cocu,
Un dormir sans ronfler, un repos sans se feindre,
Qui fasse la nuict courte et contente les yeux,
Estre ce que tu veux, n’affecter rien de mieux,
Ne desirer la mort, & la fuir sans la craindre.
Aggripa d’Aubigné, Œuvres complètes, accompagnées de notices biographique, littéraireet bibliographique […] par Eugène Réaume & de Caussade, tome 3, Paris, Alphonse Lemerre, 1874, p. 246.
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