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18/02/2020

Émile Verhaeren, Les Heures du Soir

Émile Verhaeren, Les Heures du Soir, jeunesse, vieillesse

            Les Heures du Soir, XXII

 

Si nos cœurs ont brûlé en des jours exaltants

         D’une amour claire autant que haute,

L’âge aujourd’hui nous fait lâches et indulgents

         Et paisibles devant nos fautes.

 

Tu ne nous grandis plus, ô jeune volonté,   

         Par ton ardeur non asservie,

Et c’est de calme doux et de pâle bonté

         Que se colore notre vie.

 

Nous sommes au couchant de ton soleil, ô amour,

Et nous masquons notre faiblesse

Avec les mots banals et les pauvres discours

         D’une vaine et lente sagesse.

 

Oh ! que nous serait triste et honteux l’avenir,

         Si dans notre hiver et nos brumes

N’éclatait point, tel un flambeau, le souvenir

Des âmes fières que nous fûmes.

 

Émile Verhaeren, Les Heures du Soir,

Mercure de France, 1922, p. 181.