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24/06/2015

Dino Campana, Chants orphiques

Dino+Campana.jpg

Jardin d’automne

 

 

 

Vers le jardin spectral et le laurier muet

 

Aux vertes guirlandes

 

Vers la terre automnale

 

Un dernier salut !

 

Vers les pentes arides

 

Apres rougies dans la fin du soleil

 

Désordre de rauques rumeurs

 

Crie la vie lointaine :

 

Crie au soleil mourant

 

Qui ensanglante les massifs.

 

On entend une fanfare

 

Qui monte déchirante : le fleuve disparaît

 

Dans les sables dorés : dans le silence

 

Les statues blanches se dressent, tournées

 

Vers la tête des ponts : et les choses déjà ne sont plus.

 

Et du profond silence, une sorte de chœur

 

Grandiose et tendre

 

                        Surgit et soupire vers mon balcon :

Et en arôme de laurier

 

En arôme d’âcre laurier languissant,

 

Parmi les statues immortelles dans le crépuscule

 

Elle m’apparaît présente.

 

 

 

(Florence)

 

 

 

Dino Campana, Chants orphiques, traduction de l’italien par Michel Sager, Seghers, 1977, p. 49.