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11/04/2012

Michel Leiris, Ondes, Images de marque

Michel Leiris, Ondes, Images de marque, printemps, automne

                                  Leiris par Giacometti


                       Printemps

 

De gauche à droite

ou de cour à jardin

égrener le chapelet du vocabulaire

et malaxer chacun de ses grains

pour qu'il devienne fruit mûr

sinon germe d'étoile.

 

                       Automne

 

Ce que j'écris et qui,

doré par mon orgueil,

me semble traits de feu

n'est peut-être que lueurs sur un marécage

ou flamboiement de feuilles mortes.

 

Michel Leiris, Ondes, Le temps qu'il fait, 1987, np.

 

                             *

Images de marque...

 

Un roi sans bouffon autre que lui-même.

 

Un initié à une confrérie qui ne comprend que lui.

 

Un homme dont le malheur est de n'avoir autant dire jamais su être un fou.

 

Quelqu'un qui fut un enfant quelconque mais se voudrait vieillard prodige.

 

Un moraliste qui se juge sans tache quand il a dîné sans salir sa cravate.

 

Un égaré accroché à la poésie comme un clochard à son kilo de rouge.

 

Un vivant que seule l'idée qu'elle finira empêche de goûter la vie.

 

Un foutu trou où la foudre s'engouffre.

 

Un écrivain qui ne brigue pas l'immortalité relative que vous assure la gloire mais a soif de l'impression qu'il ressent quand il est au travail et que cela marche à souhait : n'être plus sous la coupe de la mort.

 

Celui qui, désenchanté, parle ici pour essayer de s'enchanter encore.

 

Michel Leiris, Images de marque, Le temps qu'il fait, 1989, np.