30/01/2024
Henri Pichette, Odes à chacun
L’Ode à chacun
Soleil, ouvre grandes les Portes :
Ce monde est parsemé d’œuvres douces et fortes.
Éclaire-moi, qui me veux illuminateur
Tel un fou, tel un sage, oui, tel un créateur.
Que paroles du cœur vient le jour sur mes lèvres !
Si j’ai, d’interminables nuits, tremblé
De perdre la flamme tandis que je suais la fièvre,
Jamais les champs ne m’ont apparu noirs de blé.
J’ai vu la petite Aube sourire à l’Océan.
Je ne suis plus l’animal seul
À se lamenter entre deux néants,
Ni l’insane qui songe à déserter le sol.
Parmi les hommes à la peine
Je m’instruirai. Touché, je haïrai la haine.
Je participerai plein de cœur aux efforts
De la verte forêt toutes feuilles dehors.
L’espoir, voici l’espoir, le grave espoir lucide
Qui veut qu’âme, ombre et chair on se décide.
Ô prometteuses fleurs ! possibles fruits heureux !
Que le sang vénéré provigne, généreux.
Ô le travail de la contemplative prière,
Une rosée en larmes de lumière.
Henri Pichette, Odes à chacun, Gallimard, 1988, p. 9-10.
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29/01/2024
Henri Pichette, Odes à chacun
Ode aux trois règnes
et à l’ami Gaston Miron
C’est la beauté simple exposée
Par la bonté simple reçue,
Le pré fin perlé de rosée,
La virginale fleur conçue.
Ô roideur du lis
Impeccable !
Jaune ciment de propolis !
Manne d’érable vénérable !
Beau grain sous la pierre meulière !
Bon germe en terre hospitalière !
C’est un poussin du jour sur le fumier pailleux.
C’est par le trou d’un mur vieux
Une musaraigne sui fait gille.
C’est le manège, la coquetterie
D’une pigeonne courtisée à flanc de tuile.
C’est quelque archipel, quelque théorie
De nénuphars blancs sur une onde coite.
C’est la couche d’herbe moite
Où sommeille en rond un serpent de verre
(…)
Henri Pichette, Odes à chacun, Gallimard,
1988, p. 76-77.
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27/01/2024
Henri Pichette, Apoèmes
Polichinelle, épelle-moi le monde.
L(Océan, l’Arbre et la Pierre
Sont d’inertes patries :
Où meurt l’arbre qui dort,
L’oiseau ne se décide
A rien, il est de pierre.
Femmes, ciguë, lys et
Serpents, votre heure sonne.
Vierges, l’amour appelle
Votre chair estimée.
Chassons la guerre ensemble.
Plus jamais d’hallali !
Plus de sang sur les plumes !
Plus d’hosties dans les pièges !
Garenne, tu es libre.
Si rien ne va, du moins
La mort va à l’encontre.
La pensée ;.. pourquoi elle
Plutôt que le butoir.
Henri Pichette, Apoèmes, Granit, 1979, p.23.
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10/01/2019
Henri Pichette, Les ditelis du rougegorge
Petit propriétaire à la cravate rouge
il chante contre l’intrus
il se rengorge se redresse
il se crête se hérisse
il se campe torse bombé
tant le cœur lui bat que le sang lui bout
ses yeux flamboient
son corps saccade
et plus il mélodie plus il furibonde
Gare la bagarre !
on pourrait bien se voler grièvement
dans le plumes.
Henri Pichette, Les ditelis du rougegorge,
Gallimard, 3005, p. 49.
Ce ne sont pas les rouges-gorges qui sont en danger (quoique...) mais les oies migratrices. Je publie le communiqué de la Ligue pour la Protection des Oiseaux qui appelle à s'élever contre le prolongement du massacre des oies.
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09/02/2017
Henri Pichette, les ditelis du rougegorge
Petit propriétaire à la cravate rouge
il chante contre l’intrus
il se rengorge se redresse
il se campe torse bombé
tant le cœur lui bat le sang qui bout
ses yeux flamboient
son corps saccade
et plus il mélodie plus il furibonde
Gare la bagarre !
on pourrait bien se voler grièvement
dans les plumes.
Henri Pichette, Les ditelis du rougegorge,
Gallimard, 2005, p. 49.
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22/10/2012
Henri Pichette, Les ditelits du rougegorge
Petit propriétaire à la cravate rouge
il chante contre l'intrus
il se rengorge se redresse
il se crête se hérisse
il se campe torse bombé
tant le cœur lui bat que le sang lui bout
ses yeux flamboient
son corps saccade
et plus il mélodie plus il furibonde
Gare la bagarre !
on pourrait bien se voler grièvement
dans les plumes.
Le rougequeue pour s'amuser du rougegorge,
il lui crie :
Cou en feu ! cou en feu !
Et le rougegorge de répondre, qui se rit :
Feu au cul ! feu au cul !
Si tarde à partir l'hirondelle,
C'est que l'hiver se tient loin d'elle ;
Quand le rougegorge est à l'huis,
C'est que l'hiver de près le suit.
Quand les hirondelles s'en vont,
Le rougegorge s'en vient.
Henri Pichette, Les ditelis du rougegorge, Gallimard,
2005, p. 49, 62 et 66.
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04/12/2011
Henri Pichette, Odes à chacun
Pichette par Antonin Artaud
L'ode à chacun
Je dirai le meunier, le forain, le tourneur,
Le mitron, le clown blanc, l'échevelé glaneur,
La foi du charbonnier au grand jour témoignée,
L'horticulteur fleuri, la coiffeuse orpeignée,
La trame de la vie aux doigts du tissutier,
Le ruban bleu de lune à l'avant du routier,
Le peintre qui respire au balcon de ses toiles,
l'infini matelot, le pilote aux étoiles,
Celui qui fait la pluie avec un arrosoir
Et l'autre le foyer reprendre à l'attisoir,
Le tombelier dos rond sous les averses drues,
Le salubre éboueur, le balayeur des rues,
Le cordonnier qui tient l'usure des chemins,
Le bateleur habile à marcher sur les mains,
L'ongle en deuil du typo qui désigne la faute,
L'éclusier qui caresse un rêve d'argonaute,
L'humble boulanger qui des pauvres fait la part,
Le vieux curé pour qui ce n'est jamais trop tard,
L'éleveur d'alevin sur l'eau d'un lac de combe,
Le calme jardinier qui met la terre en tombe,
L'empailleur d'animaux qui les veut l'air vivants,
Le vivier au cri de cristal à tous vents,
L'agriculteur masqué s'escrimant aux abeilles,
La cueilleuse de cerises pendants d'oreilles,
Le fermier en haut lieu sur le foin engrangé,
La bonne qui babille au poupon frais langé,
[...]
L'obscur enlumineur les heures adornant,
Et le maître verrier qui d'en bas suit la pose
Des lumières dans la résille de la rose,
Ô librairie en fleurs ! Ô monde romancier !
Ô grand livre imprimé par le divin pressier !
Beau photographe d'art ! tireur subtil d'eaux-fortes !
Chimiste entre les serpentins et les retortes !
Nomenclateur sur les trois règnes incliné !
Frère zoologiste ! ô biologue-né !
Cosmosophe pétri de très vieille sapience
Et poète bordant le berceau de prescience !
Vous, savant avancé dans l'atome essentiel,
Astronome à l'orée admirable du ciel !
Yeux du soudeur à l'arc sous le pare-étincelles !
Ô temps que l'horloge prend avec ses brucelles !
Et celui-là, plus loin sitôt qu'il a bouclé
Le jour de la serrure et l'anneau de la clé.
Henri Pichette, Odes à chacun, Gallimard, 1988, p. 11 et 30.
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24/03/2011
Henri Pichette, Litanie des oiseaux
Litanie des oiseaux
Frère Rossignol, chantez pour nous.
Sœur Hirondelle, gazouillez pour nous.
Frère Pinson, fringottez pour nous.
Sœur Fauvette, gringottez pour nous.
Frère Chardonneret, ramagez pour nous.
Sœur Linotte, rouladez pour nous.
Frère Merle, sifflez pour nous.
Frère Loriot, flûtez pour nous.
Sœur Grive, modulez pour nous.
Frère Rougegorge, mélodiez pour nous.
Sœur Gorgebleue, musiquetez pour nous.
Sœur Alouette, tirelirez pour nous.
Frère Cini, tirlitez pour nous.
Frère Farlouse, turlutez pour nous.
Sœur Lulu, turlulurez pour nous.
Frère Bruant, bruissez pour nous.
Frère Tarin,
Frère Phragmite,
Sœur Rémiz,
Sœur Passerinette, babillez pour nous.
Sœur Grisette,
Sœur Effarvatte, bredouillez pour nous.
Frère Moineau, pépiez pour nous.
Frère Rousseline, pipiez pour nous.
Frère Soulcie, piaillez pour nous.
Frère Vanneau, pïouitez pour nous.
Sœur Bergeronnette, güigüitez pour nous.
Sœur Sittelle, tuittuitez pour nous.
Frère Grimpereau, tititez pour nous.î
Frère Gobemouche, tititulez pour nous.
Sœur Bargette, tutulez pour nous.
Sœur Luciniole, lululez pour nous.
Sœur Huppe, pupulez pour nous.
Frère Échelette, pliplitez pournous.
Frère Pivert, pleupleutez pour nous.
Frère Pluvier,
Frère Bécasseau, trillondulez pour nous.
Frère Huitrier,
Frère Gravelot,
Frère Chevalier,
Frère Tournepierre,
Frère Troglodyte, trillez pour nous.
[…]
Henri Pichette, dans "Cahier Henri Pichette, 2", Les Enfances, édition Granit, 1995, p. 97-98.
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