Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/11/2021

Dominique Meens, Ornithologie du promeneur

                    AVT_Dominique-Meens_9545.jpg

              Arrivée précipitée du merle à son pupitre

 

Ponctuée d’une dynamique ponctuation de la queue, suivie d’une pause silencieuse, courte absence, bref repliement sur soi d’une première inspiration. Ne fermez pas les yeux, il n’y a rien à imaginer, surtout pas un décor, aussi merveilleux fût-il. Je vous concède l’Opéra, certainement, vous trouvez les coulisses, les salles obscures où sont données les répétitions du chant. Le triomphe du merle a déjà eu lieu. Un récital débute ici tandis qu’ailleurs s’estompe le brouhaha du parterre ; récital d’un genre nouveau puisqu’il intègre ses propres commentaires et critiques, ornementations baroques mais fermes et décidées. Notez en passant que les accès ne seront interdits à aucun moment de cette journée de février — notre cousin compte avec les saisons, comment pourrait-il en être autrement, mais nous voyons par exemple qu’il n’annonce pas le printemps.

 

Dominique Meens, Ornithologie du promeneur, éditions Allia, 1995, p. 53.

04/12/2013

Dominique Meens, Vers

                                                    imgres.jpg

L'oiseau que je vais vous lire

a quelques mots à vous dire

cousin lointain des moineaux

c'est un des mille fringilles

enthousiaste des brindilles

où sont masqués les appeaux

 

lorsque sa plume baroque

griffe le ciel qu'il évoque

ses joues flambent de pudeur

un bouquet d'éclairs sous l'aile

son vol est une étincelle

tressée d'or et de rigueur

 

plus gai qu'une sauterelle

quand l'aigle transi grommelle

l'hiver il est sans regret

vient l'été repris dans l'orge

un chant l'attrape à la gorge

il se nomme chardonneret

 

 

 

Dominique Meens, Vers, P.O.L, 2012, p. 64.

05/10/2012

Dominique Meens, Vers

MEENS3.jpg

Une lune énorme a surgi du bois

les engoulevents pétaradaient moi

ahuri j'inventais l'œil rond du lièvre

 

et l'heure dont je goutais l'humeur mièvre

dans sa nuit que fait le poète il boit

j'étranglerai la mienne sans émoi

 

quelque chaleur moite la tourterelle

ronronne il est midi le ciel querelle

venteux dessous du vert qu'il voudrait bleu

 

deux geais ont grincé j'arrive avec eux

noué l'appel anxieux d'un crécerelle

à l'orage imprévu qui précisément grêle

 

                              *

 

Novembre aux embruns de mélancolie

m'a cloué le bec je mâche ma nuit

ravale mes pleurs et mon cœur s'enfuit

d'un lieu perdu comme un amour s'oublie

 

non la cause mais l'effet où tout sombre

tout et rien soit la parence des mots

dont s'éprennent les esprits animaux

à la peine  à la peine à la pénombre

 

novembre courtois la chanson est neuve

paroles en l'air musique à l'envers

avec un pendu au diable vauvert

 

imagine autour la ronde des veuves

et la mandragore et ses cris plaintifs

l'orfèvre bientôt et ses pendentifs

 

Dominique Meens, Vers, P. O. L, 2012, p. 78 et 38.