10/11/2021
Dominique Meens, Ornithologie du promeneur
Arrivée précipitée du merle à son pupitre
Ponctuée d’une dynamique ponctuation de la queue, suivie d’une pause silencieuse, courte absence, bref repliement sur soi d’une première inspiration. Ne fermez pas les yeux, il n’y a rien à imaginer, surtout pas un décor, aussi merveilleux fût-il. Je vous concède l’Opéra, certainement, vous trouvez les coulisses, les salles obscures où sont données les répétitions du chant. Le triomphe du merle a déjà eu lieu. Un récital débute ici tandis qu’ailleurs s’estompe le brouhaha du parterre ; récital d’un genre nouveau puisqu’il intègre ses propres commentaires et critiques, ornementations baroques mais fermes et décidées. Notez en passant que les accès ne seront interdits à aucun moment de cette journée de février — notre cousin compte avec les saisons, comment pourrait-il en être autrement, mais nous voyons par exemple qu’il n’annonce pas le printemps.
Dominique Meens, Ornithologie du promeneur, éditions Allia, 1995, p. 53.
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04/12/2013
Dominique Meens, Vers
L'oiseau que je vais vous lire
a quelques mots à vous dire
cousin lointain des moineaux
c'est un des mille fringilles
enthousiaste des brindilles
où sont masqués les appeaux
lorsque sa plume baroque
griffe le ciel qu'il évoque
ses joues flambent de pudeur
un bouquet d'éclairs sous l'aile
son vol est une étincelle
tressée d'or et de rigueur
plus gai qu'une sauterelle
quand l'aigle transi grommelle
l'hiver il est sans regret
vient l'été repris dans l'orge
un chant l'attrape à la gorge
il se nomme chardonneret
Dominique Meens, Vers, P.O.L, 2012, p. 64.
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05/10/2012
Dominique Meens, Vers
Une lune énorme a surgi du bois
les engoulevents pétaradaient moi
ahuri j'inventais l'œil rond du lièvre
et l'heure dont je goutais l'humeur mièvre
dans sa nuit que fait le poète il boit
j'étranglerai la mienne sans émoi
quelque chaleur moite la tourterelle
ronronne il est midi le ciel querelle
venteux dessous du vert qu'il voudrait bleu
deux geais ont grincé j'arrive avec eux
noué l'appel anxieux d'un crécerelle
à l'orage imprévu qui précisément grêle
*
Novembre aux embruns de mélancolie
m'a cloué le bec je mâche ma nuit
ravale mes pleurs et mon cœur s'enfuit
d'un lieu perdu comme un amour s'oublie
non la cause mais l'effet où tout sombre
tout et rien soit la parence des mots
dont s'éprennent les esprits animaux
à la peine à la peine à la pénombre
novembre courtois la chanson est neuve
paroles en l'air musique à l'envers
avec un pendu au diable vauvert
imagine autour la ronde des veuves
et la mandragore et ses cris plaintifs
l'orfèvre bientôt et ses pendentifs
Dominique Meens, Vers, P. O. L, 2012, p. 78 et 38.
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