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17/01/2023

Adrienne Rich (1929-2012), dans Olivier Apert, Une anthologie bilingue de la poésie féminine américaine du XXe siècle

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D'une vieille maison en Amérique

 

16.

« De telles femmes sont dangereuses

pour l'ordre des choses »

 

et bien oui nous serons dangereuses

à nous-mêmes

 

avançant à tâtons parmi les épines du cauchemar

(datura s'enchevêtrant à une herbe simple)

 

car la ligne séparant

la lucidité des ténèbres

 

st encore à tracer

 

Isolement, le rêve

de la femme de la frontière

 

mettant en joue sa carabine derrière

la clôture de la ferme

 

piège encore notre vanité

- Une feuille suicidaire

 

s'étend sous le verre brûlant

de l'œil du soleil

 

La mort de toute femme me diminue.

 

From an old house in America

 

"Such women are dangerous

in the order of things"

 

and yes, we wille be dangerous

to ourselves

 

groping through spines of nightmare

(datura tangling with a simple herb)

 

because the line dividing

lucidity from darkness

 

is yet to be marked out

 

Isolation, the dream

of the frontier woman

 

levelling her rifle along

the homestead fence

 

still snares our pride

—a suicidal leaf

 

laid under the burning-glass

in the sun eye

 

Any woman death diminishes me.

 

Adrienne Rich (1929-2012), dans Olivier Apert, Une anthologie bilingue de la poésie féminine américaine du XXe siècle, Le Temps des Cerises, 2014, p. 183 et 182.

27/05/2016

Marianne Moore, Le poisson

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Le poisson

 

Pénible avance

à travers le jade noir.

 

                  Des coquilles de moules bleu-corneille, il continue

                  d’arranger les amas de cendre ;

                           s’ouvrant se fermant tel

 

un

éventail blessé.

                  Les bernacles incrustés au flanc

                  de la vague, qui ne peuvent se dissimuler

                           des rayons émergés du

 

soleil,

se fractionnent comme du verre

                  filé, avec célérité se réfugient

                  au sein des crevasses —

                           illuminent

 

les

corps

                  de la mer turquoise. L’eau pousse un coin

                  de fer jusqu’au bord ferré

                           de la falaise ; 

[...]

 

Marianne Moore, dans Olivier Apert, Women, une anthologie

de la poésie féminine amricaine au xxe siècle, traduction et

présentation de O. A., Le Temps des cerises, 2014, p. 281.