Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/12/2024

Danielle Collobert, Cahiers, 1956-1978

Unknown.jpeg

1973, 23/7

 

Rien — désert

un changement pourtant — le refus de penser à quoi que ce soit — fermer — fermer — boucler — plus rien — disparaître — serait temps — mais non — pour durer — se laisser aller à toutes/dans les petites conneries du quotidien — des nerfs à la minute — qui tressautent

 insegnando il fredo agli sassi

non pas même le froid — état de  tension absurde — pas même bien physiquement au soleil à la mer — la tête vide — des envies de retourner à Paris pour m’enfermer rue de la Liberté  dans l’état de torpeur habituel là-bas —

pas d’alibi pour durer —

ancho donnette l’hanna fatto

pavese —

disparaître — mais peur —

le définitif —

 

Danielle Collobert, Cahiers, 1956-1978, Change, Seghers/Laffont, 1983, p. 54.

24/12/2024

Danielle Collobert, Cahiers 1956-1978

                        Unknown-1.jpeg

1960, mars 

peut-être je n’ai jamais été aussi loin dans la solitude que ces derniers mois — peut-être ça ne suffit pas encore — ici il reste une vague forme  de stabilité — de sécurité — quelques doutes sur ce que je peux supporter vraiment —

errer davantage — ajouter le dépaysement — la rupture de toutes les attaches — ou quoi — être sans argent dans un pays que je ne connais pas — peut-être —

probablement une illusion — équivalence d’être dans une pièce seule pendant des jours —ou de partir ailleurs —

 

Danielle Collobert, Cahiers, 1956-1978, Change, Seghers/Laffont, 1983, p. 31.

Danielle Collobert, Cahiers, 1956-1978

Unknown-2.jpeg

1976, 24/1 Paris

acide — électrochoc

 variations du réel — profondes

suivant l’état qui précède — cette fois très bon — pas de très violentes angoisses — seulement au moment où tenté d’écrire sensation de dédoublement — « gouvernement » de l’inconscient parlant « en clair » — impression de folie — vertige — gouffre à l’intérieur du cerveau — un autre espace mental

souvenir d’avoir retenu ma tête avec mes mains

à l’état normal » corps et cerveau en veilleuse

la volupté — plaisir mouvant

dans tout le corps immobile —intensité — à l’extrême

— aux larmes longtemps dans la glace

vue en corps

vu un corps essayant de dissimuler sa folie

pensé qu’ « elle » est folle celle-là — « moi »

 

Danielle Collobert, Cahiers, 1956-1978, Change, Seghers/Laffont, 1983, p. 71.

 

23/12/2024

Danielle Collobert, Cahiers, 1956-1978

 

                Unknown-2.jpeg

1957, décembre

 

Pourquoi écrire que cette chambre est dans une grisaille jaune — que je somnole presque dans cette inexistence — que seul par momen le bruit du venr dans la plaque de la cheminée… ?

Seule —

Écrire ? faire des phrases ? encore…

 

La mort — ma mort — sûre — mais essai factice de représentation — infructueux d’ailleurs — À quoi j’arrive : au plus à une sensation très brutale de mon corps — Sensation qui revient de plus en plus souvent ces jours-ci — Idée de la mort — très salutaire si on peut encore parler à ce point-là de santé.

 

Danielle Colllobert, Cahiers, 1956-1978, Change, Seghers/Lafffont, 1983, p. 11.

03/12/2021

Paul Valéry, Cahiers, II, Poésie

             thumb_large.jpg

Des vers du poème, les uns furent trouvés, les autres faits.

Les critiques disent des sottises qui parlent sur ce poème comme d’un tout, et qui ne considèrent pas la position de l’auteur : combiner, appareiller les vers de ces deux espèces.

Le travail du poète est de faire disparaître cette inégalité originelle ; d’ailleurs, tout travail intellectuel consiste à mettre d’accord pour un but, ce qu’on trouve, et des conditions données d’autre part.

 

Paul Valéry, Cahiers, II, Poésie, Pléiade/Gallimard, 1974, p. 1066.

01/03/2014

Paul Valéry, Cahiers, II, Poésie

                                               Paul Valéry, Cahiers, II, Poésie, inspiration, émotion, universel

                                   Poésie

 

   C'est une plaisanterie usée de dire que le poète exprime ses douleurs, ses grandeurs et ses aspirations dans ses vers. Cela n'est vrai que de poètes vulgaires comme Musset — Encore...

   Il est trop clair que le vers installe un autre monde que celui des affaires personnelles d'un poète, lesquelles n'intéressent pas directement l'universel.

   Il est vrai que sa tournure d'esprit, ses humeurs dominent ses mouvements internes, et l'excitent de telle ou telel façon, mais indirectement par rapport à la poésie.

   L'art est précisément tel qu'il rend les tourments imaginaires indiscernables des réels. Il n'y a besoin que d'une force très faible pour remuer des masses énormes quand des machines sont interposées. Un enfant fait sauter une montagne en pressant un bouton. L'accumulateur est langage. Toute l'attention du vrai artiste est portée sur la manœuvre des représentations et des émotions, bien plus que sur leur potentiel. C'est en tant qu'elles sont manœuvrables qu'il les connaît e tles sollicite. Le minimum de présence et d'intensité actuelles et le maximum d'obéissance et d'intensité probables chez le lecteur, sont liés.

 

Paul Valéry, Cahiers, II, édition établie, présentée et annotée par Judith Robinson, Pléiade / Gallimard, 1974, p. 1094.