16/09/2019
Jacques Réda, Derniers prénoms du vers
Arthur
(sursonnet)
Un dimanche, les mains dans les poches, ainsi
Que Cingria l’a vu d’un œil extra-lucide,
Rimbaud rôde à travers Charleville et décide
D’en finir avec tout : il a donné, merci.
Merde au vieux vers latin qui radote et s’oxyde.
Alexandrin n’est plus qu’un pesant proboscide :
Il va vous l’amputer de son pauvre souci
De comptable, et le faire danser, tant de ci
Que de là ; le pousser enfin au suicide.
Puis s’en ira, l’ouvrage fait, toujours ailleurs,
L’abandonnant aux soins d’horribles travailleurs
Désormais sans outil. C’était dans le programme
De la langue : trouver l’acteur assez puissant
Pour incarner le roi tragique d’un tel drame.
Arthur, c’était parfait. Il paya de son sang
Le Graal inaccessible au poète qui brame.
Jacques Réda, Derniers prénoms du vers, dans Catastrophes (revue en ligne), 11 septembre 2019.
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